Ali Khamenei, la plus haute autorité de l'Etat, a mis en garde les partisans des trois candidats qui contestent le scrutin du 12 juin contre l'« extrémisme » débouchant sur la violence. Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a déclaré hier que « le peuple avait choisi celui qu'il voulait » comme président de l'Iran, exigeant la fin des manifestations contre la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad. « Le bras de fer dans la rue est une erreur, je veux qu'il y soit mis fin », a demandé Ali Khamenei lors d'un prêche très attendu à l'Université de Téhéran, en assurant qu'il « ne cédera pas à la rue ». « Je veux dire à tous que ceci doit se terminer. Ces manifestations de rue sont organisées pour faire pression sur les dirigeants, mais nous ne cèderons pas face à elles », a-t-il lancé devant plusieurs centaines de fidèles, alors que d'autres centaines écoutaient à l'extérieur le prêche retransmis par haut-parleurs. « Qu'y a-t-il de mieux pour un agent terroriste que de se cacher au milieu de la foule pour commettre un acte terroriste, comme l'assassinat d'un bassidji (milicien islamiste) ou un policier. Cela causerait une réaction émotionnelle ; qui est responsable de cet acte ? J'appelle chacun à mettre fin aux manifestations », a-t-il poursuivi. Il a également qualifié les manifestations d'« acte grossier commis par certains qui pensent avec avidité que l'Iran est la Géorgie ». « Un riche sioniste américain a dit il y a quelques années ‘‘j'ai dépensé 10 millions de dollars et créé une révolution de velours en Géorgie'' », a-t-il expliqué en allusion au milliardaire américain George Soros. L'ayatollah a averti que, si « certains choisissent une autre voie que de participer à la fête de l'élection », il les dénoncerait devant le peuple. Ali Khamenei, la plus haute autorité de l'Etat, a notamment mis en garde les partisans des trois candidats qui contestent le scrutin du 12 juin contre l'« extrémisme » débouchant sur la violence. Le président sortant Mahmoud Ahmadinejad est confronté, depuis sa réélection le 12 juin, à une vague de contestation des partisans de son rival Mir Hossein Moussavi. Jeudi, des dizaines de milliers de partisans de Moussavi se sont rassemblés à Téhéran, pour la plupart vêtus de noir, en mémoire des sept des leurs tués par balle lundi. Ils ont été rejoints par Moussavi qui a déclaré : « Nous ferons tout sacrifice nécessaire pour préserver » le régime. La fille et l'un des fils de l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani ont été interdits de quitter le territoire iranien par la justice, indique une source informée citée par l'agence semi-officielle Fars. Les autorités affirment avoir arrêté les membres de deux réseaux « terroristes » qui voulaient commettre des attentats contre les bureaux de vote et saboter les élections, selon la télévision d'Etat. Et l'ambassade d'Iran à Bruxelles juge « injustifiable » le « soutien étranger » aux manifestants « anarchistes » contre le régime. De son côté, la lauréate iranienne du prix Nobel de la Paix, Shirin Ebadi, a appelé à l'annulation de la présidentielle et à l'organisation de nouvelles élections, dans une tribune publiée par le journal en ligne américain Huffington Post. Le candidat conservateur iranien Mohsen Rezaï, arrivé troisième lors de la présidentielle, affirme que dans certaines circonscriptions, la participation avait atteint 140% , selon le site internet Tabnak. La Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Navi Pillay, s'inquiète du « nombre croissant d'arrestations, peut-être menées en dehors du cadre légal ». Les dirigeants de l'UE ont appelé hier Téhéran à laisser le peuple d'Iran « se rassembler et s'exprimer », alors que le guide suprême iranien, Ali Khamenei, vient d'exiger la fin des manifestations contre l'élection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad. « Le Conseil (européen) appelle les autorités iraniennes à s'assurer que le droit de tous les Iraniens à se rassembler et à s'exprimer pacifiquement soit garanti et à s'abstenir d'utiliser la force contre les manifestations pacifiques », ont déclaré les 27 chefs d'Etat et de gouvernement réunis en sommet à Bruxelles. La manifestation que les partisans du candidat Mir Hossein Moussavi devaient organiser aujourd'hui à Téhéran n'est pas autorisée, a déclaré Morteza Tamadone, gouverneur de Téhéran, cité hier par l'agence Isna. « Aucune autorisation n'a été délivrée (...) J'espère que, dans la mesure où il n'y pas eu d'autorisation, cette manifestation n'aura pas lieu », a déclaré M. Tamadone. Sept civils sont morts lors de heurts en marge des cortèges massifs mais largement pacifiques des derniers jours.