Je perds parfois mon bon sens en voyant certaines plaques de signalisation tant l'absurde flirte avec l'idiotie, voire l'imbécillité, au point de donner le vertige aussi bien dans le fond que dans la forme d'une transcription hybride, a fortiori celle relative au nom d'une figure artistique algérienne des plus remarquables. Pour nos édiles, suffit-il tout juste de planter des pieux et baptiser le lieu de manière officielle, sans se soucier que le nom du personnage soit biaisé ou galvaudé ? A dire vrai, l'idiot du village trouve toujours un malin plaisir à rendre corniauds les gens de la cité et le monde du quatrième art, plus spécialement au regard du bêtisier avec lequel il les abreuve. Bigre ! L'ineptie n'a pas de limite pour nos augustes responsables de la commune de Raïs Hamidou qui, inaugurant la plage de la Vigie, n'ont pas jugé utile de vérifier la plaque de signalisation officielle dressée pour les estivants, sur laquelle est bien écrit Plage Sid-Ali Fernandelle. Soulignons bien la bévue, toujours officielle ! Certes, ils ne se sont pas trompés de site balnéaire, sauf qu'ils ont commis l'ânerie de se mettre à côté de la plaque pour de multiples bourdes. Primo, sur le plan syntaxe : le nom artistique de la figure emblématique du cinéma français d'après-guerre, est Fernandel(*). Secundo, pourquoi les nom et prénom enregistrés dans l'état civil du comédien algérien, ce natif de Zanqat el Qarma (Casbah), restent méconnus du grand public ? N'aurait-il pas été plus pertinent d'inscrire Chaâbane Haouat sur la plaque — avec le sobriquet Fernandel en dessous en petits caractères pour le profane, sachant que les avertis affublaient le personnage du surnom de Sid-Ali Fernandel ? Comme quoi l'identification patronymique de l'artiste qui avait sa houinta à un jet de pierre de la plage, ne mérite pas d'être apposée pour la postérité. Nos déficients responsables ne s'embarrassent point d'un tel pied de nez à la mémoire collective qu'ils estiment, comble de l'ironie, vénielle, encore moins d'un aperçu historique sur le patrimoine culturel de la géographie qu'ils gouvernent. Cela n'est pas sans me rappeler la bêtise qui accueille le quidam à l'entrée de Cherchell, la Césarée, non rectifiée jusqu'à l'heure actuelle : La ville de Ténès vous souhaite la bienvenue, flanquée d'une autre débilité : Le port de Tènes à 150 mètres. Comme quoi le crétinisme ne tue pas. (*)De son vrai nom Fernand Joseph Désiré Contandin. En venant voir souvent Henriette, sa fiancée, la mère de cette dernière, Mme Manse l'interpelle un jour, par : Vé ! Voilà le Fernand d'Elle ! Il prend, désormais, ce pseudo, par contraction, dans la scène du 7e art.