Le navire Batna, ayant échoué le 13 novembre 2004 sur les rochers de la plage Les Sablettes, située en contrebas de l'autoroute est d'Alger, est devenu un véritable casse-tête pour la Cnan, la compagnie nationale de transport maritime auquel il appartient. L'entreprise espagnole Technosub, ayant décroché le marché pour son déséchouage, n'arrive toujours pas à le remettre au large en dépit de son engagement à accomplir cette mission en moins de quinze jours. M. Benramdani, inspecteur général auprès de la Cnan, a expliqué que dans le contrat il y avait deux étapes à respecter par les Espagnols, mais également une clause importante relative à l'obligation de résultat pour le paiement. « La première consistait en l'extraction du fuel contenu dans les réservoirs du navire avec les moyens de Technosub. Mission accomplie et pour laquelle la société a été payée. La seconde étape concerne le déséchouage du navire avec des remorqueurs algériens loués sur place au frais de la compagnie et de Technosub. Malheureusement, les nombreuses tentatives se sont avérées infructueuses. » Cet échec, M. Benramdani l'a imputé au « manque d'expérience » de l'équipage des deux remorqueurs. « Une défaillance à laquelle nous n'avons pas pensé », a reconnu l'inspecteur général. Au sujet du montant du contrat avec Technosub, le responsable a juste noté qu'une lettre de garantie pour le compte de la société espagnole a été déposée par la Cnan et que « la facture de la prestation ne peut de toute façon dépasser celle de l'assurance du navire, à savoir les 150 000 dollars américains ». Il a néanmoins reconnu les difficultés à déplacer le navire qui, selon lui, est dans une situation critique. « Pour l'instant, nous avons réussi grâce aux moyens de la Protection civile et des gardes-côtes à le maintenir fixé grâce aux quatre remorqueurs. Mais avec l'ouverture qu'il a à l'avant, même si par miracle nous réussirons à le faire sortir, nous aurons du mal à trouver un assureur qui acceptera de nous donner des autorisations pour l'emmener jusqu'au chantier de réparation. La seule issue, c'est de trouver un acheteur qui le prendra en charge ou, dans le pire des cas, l'emmener au large pour le couler. » A la question de savoir pourquoi la Cnan n'a pas fait appel à des sociétés algériennes, le responsable a été catégorique : « Il n'y a pas d'entreprise capable de faire ce genre de travaux maritimes. Nous avons travaillé avec une des filiales de Méditram, mais il n'y a pas eu de résultat. C'est pour cette raison que nous avons décidé de solliciter des firmes étrangères spécialisées dans le domaine. » Pourtant, il existe bel et bien une société algérienne qui a soumissionné pour le déséchouage du Batna avec la fameuse motion « no cure, no pay » c'est-à-dire avec obligation de résultat. « Un accord préalable a même été donné à cette entreprise qui était sur le point de négocier le montant du contrat », a déclaré M. Aït Khelifa, premier responsable de l'Entreprise de maintenance industrielle et des travaux subaquatiques (EMITS). M. Benramdane a rejeté ces affirmations arguant du fait que « EMITS n'est pas spécialisée dans ce genre de mission. Nous avons besoin uniquement de ses plongeurs sous-marins. Il est impossible qu'une tâche pareille soit prise en charge par cette société. » En attendant de vérifier les déclarations des uns et des autres, le navire Batna risque de couler dans les eaux territoriales. Sa situation s'aggrave de jour en jour. Avec le mauvais temps, l'avant et l'arrière du navire se sont bien enfoncés dans les rochers. Cela ne manquera pas d'occasionner des dégâts. Vendredi dernier, l'un des compresseurs de Technosub a chauffé et pris feu sur la passerelle, provoquant, fort heureusement, plus de peur que de mal.