La pièce se joue depuis hier mercredi dans la ville martyre de L'Aquila, en Italie, qui abrite le 35e sommet du G8. Les différents sommets des chefs d'Etat et de gouvernement des pays les plus industrialisés de la planète ont coutume de se tenir dans des conditions aseptisées, sous les lambris dorés et au milieu d'une débauche de luxe à la mesure de la puissance des dirigeants de ces pays qui régentent le monde. Contre l'avis de ses pairs, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a décidé de tenir ce présent sommet dans cette ville fantôme ravagée en avril dernier par un violent séisme qui avait fait plus de 300 victimes et 45 000 personnes sans-abri. La symbolique de la tenue de ces assises dans une ville où la vie rime avec survie pour ces habitants réduits au dénuement le plus total – à l'image de ces peuples d'Afrique menacés de disparition par la famine et les maladies et que l'on nourrit de promesses d'aide vite oubliées – aurait pu faire date dans l'histoire si l'Italie, pays hôte de ce sommet, avait donné le bon exemple en honorant ses engagements financiers d'aide à l'Afrique décidés par le G8 en 2005, d'un montant de l'ordre de 25 milliards de dollars à l'horizon 2010. A une année de cette échéance, il reste encore aux pays donateurs 23 milliards à débourser pour solder les comptes ; l'Italie est en la matière le pays qui a le moins mis la main à la poche avec seulement 3% de sa quote-part honorés. Un argument de poids que mettent fort justement les organisations altermondialistes pour décrédibiliser ce sommet d'Italie. Le sort en est donc jeté pour ce sommet, qui intervient dans un contexte de crise mondiale, offrant aux pays riches durement affectés par la crise un alibi de taille pour opérer des coupes sombres dans les engagements et les promesses d'aide qui seront faites à l'occasion de ce sommet. Le hasard de l'histoire a voulu, cette fois-ci, que le sommet soit perturbé et chahuté non pas par les manifestations traditionnelles et toujours aussi militantes et actives des altermondialistes, mais par les habitants de la paisible ville de l'Aquila, qui ont manifesté à la veille de la tenue de ce sommet, sous la conduite du maire de la ville, pour attirer l'attention des autorités italiennes et du G8 sur le sort de la population locale qui commence à perdre patience et espoir face aux promesses non tenues de reconstruction de la ville. Au menu de ce sommet, outre le dossier incontournable de la crise économique mondiale, les leaders du G8 se pencheront durant deux jours sur les thèmes du réchauffement climatique, de la pauvreté et de l'Iran. La présence à ce sommet de représentants de pays émergents parmi lesquels la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et le Mexique pourra-t-elle changer quelque chose au rapport de force et aux règles du jeu de ce forum des pays qui sont la locomotive de l'économie mondiale ? Le sommet du G8 a fait son temps, de l'avis de nombreux observateurs qui prédisent sa fin de mission proche au profit du G20 (pays les plus industrialisés plus pays émergents) qui doit se réunir fin septembre à Pittsburg, aux Etats-Unis. Signe prémonitoire ? Le séisme de L'Aquila, qui a enregistré quelques jours seulement avant la tenue du sommet une violente réplique d'une magnitude de 4,1 sur l'échelle de Richter, emportera-t-il sur son passage l'organisation des pays les plus industrialisés (le G8) dans sa version actuelle ?