Les élèves qui fréquentent le lycée Ould Kablia continuent de vivre un perpétuel désarroi, notamment à l'heure des sorties de classes. En effet, la rue qu'ils empruntent en vagues serrées a beaucoup de peine à contenir le flot des lycéens. C'est ainsi qu'à midi, heure de pointe par excellence, il seront plusieurs centaines à déferler dans un indescriptible désordre. Mais une fois dans la rue, ils ne sont pas au bout de leur peine, notamment les jeunes filles qui se feront littéralement bousculées par des énergumènes dont la seule préoccupation semble être l'agression verbale, voire physique. A bord de véhicules et de motos de dernière génération, ces enfants gâtés de la nomenklatura locale viennent se défouler sur ces frêles jeunes filles dont la plupart ne sont pas encore sorties de l'adolescence. Fiers d'arborer leur apparente richesse et une virilité mal assumée, ces garçons enlaidis par leur forfanterie ne ratent pas une occasion pour manquer de respect et parfois bousculer la gente féminine. L'étroitesse de la rue, l'insouciance des passants et des parents continuent d'alimenter et d'entretenir cette manifestation de la haine qui risque de déborder sur des agressions physiques si l'on n'y met pas un terme. L'idée de faire sortir les filles par la rue Khémisti - plus spacieuse et surtout plus animée - a bien été suggérée au proviseur du lycée. Ce serait cependant un simple palliatif qui déplacerait le problème en attendant une véritable sécurisation des lieux. Car cette culture de la haine vient de faire deux victimes ; deux garçons qui quittaient des cours particuliers seront assaillis, en début de soirée, par un groupe d'énergumènes venus du quartier du plateau. L'un des adolescents s'en tirera avec deux points de suture et surtout beaucoup d'angoisse.