Une grève générale des lycéens a secoué hier la ville de Constantine. Les lycéens ont tenu à dénoncer la surcharge des programmes initiés par la tutelle. Le mouvement de grève a débuté lundi dernier avant de prendre, hier, un nouveau virage. Les lycéens ont catégoriquement refusé de rejoindre les classes en se regroupant devant les lycées. C'est ce qui a d'ailleurs été constaté de visu, lors de notre déplacement au niveau de deux lycées importants à Constantine, Ibn Taïmia et Ibn Badis. Les lycéens se sont soulevés contre le programme qu'ils jugent trop chargé au point de ne pas leur permettre de suivre normalement les cours. Le mouvement de protestation risque de prendre de nouvelles proportions dans les jours à venir, à en croire les expressions des grévistes. Ainsi, le risque de voir cette grève, spontanée, prendre une autre tournure n'est pas a écarter. La police a été massivement mobilisée hier à la suite, a-t-on appris, de quelques dérapages enregistrés la veille vers midi quand les forces de l'ordre ont usé de leur matraque et interpellé au moins deux lycéens dans le but de faire disperser la foule devenue importante. Les lycéens ont dénoncé les 9 heures d'études auxquelles ils sont soumis quotidiennement et à ce rythme, les lycéens ne croient plus à leur réussite. Le contenu du programme nuit à leurs compétences, ont-ils insisté. A cela s'ajoute l'heure de pose qu'ils qualifient d'insuffisante. L'un des lycéens profitant de notre présence dira: «On n'est pas des cobayes et on refuse qu'on joue avec notre avenir.» Les parents d'élèves, pour beaucoup d'entre eux soutiennent ouvertement la démarche de leurs enfants. H. M., père d'une lycéenne, déclare: «On aimerait bien savoir où veut en venir la tutelle. Nos enfants n'ont pas le temps de souffler et avec les examens de fin d'année ils ne pourront plus garder une seule leçon en tête.» «Franchement, le programme imposé par le ministère n'est pas très pédagogique ni académique...», dira encore une mère de lycéenne. C'est presque devenu un rituel: les potaches réfractaires des différents lycées de la wilaya investissent chaque année la rue pour crier leur mécontentement. Ainsi, le spectre d'une autre année de protestation plane. L'année dernière, les lycéens avaient commencé par organiser des marches de protestation avant de durcir le mouvement. Le ministère de l'Education était obligé de reconnaître certaines erreurs et, après une longue tergiversation, il a fait supprimer quelques-unes des matières non enseignées. Apparemment, la leçon n'a pas été retenue.