Malgré les promesses du ministère de l'Education concernant le sujet du bac, les lycéens d'Oran, du moins ceux des classes de terminale, touchés par la réforme, sont également sortis, hier, dans la rue pour protester contre le nouveau programme qui leur a été imposé. Ils ont occupé, durant la matinée, des rues du centre-ville en scandant les mêmes slogans liés à leur revendication. Une autre information fait état d'un élève du lycée El Hayet menacé de passer en conseil de discipline, alors que l'arrêt des cours concerne tous ses camarades qui ont tous signé une pétition. Mais, c'est la veille, dimanche, que le mouvement a été plus important. En effet, venant de plusieurs lycées de la capitale de l'ouest, ils devaient se rassembler devant le siège de la direction de l'Education. Dans la matinée, les forces de l'ordre, un léger dispositif, ont empêché les manifestants, munis de pancartes et dénonçant le programme en question, de se rassembler devant l'administration. Ces derniers ont alors longé par grappes de personnes les deux principales rues du centre-ville (Khemisti et Larbi Benmhidi). Ils devaient atteindre le lycée Pasteur. Du lycée Lotf. Là, la police a barré le chemin menant vers le boulevard de la Soummam que les élèves protestataires voulaient sans doute emprunter. Ils se sont par la suite regroupés devant la grande poste, accessible par une ruelle, avant de rebrousser chemin et longer à nouveau, en sens inverse, la grande rue Larbi Benmhidi. Ils marchaient tranquillement en scandant parfois des slogans hostiles au nouveau programme, tout en mettant en avant la pression qu'ils disent subir en classe. A deux reprises, ils ont été ciblés par des provocateurs, des délinquants qui se sont introduits parmi eux mais qui ont vite été repérés et chassés, non sans quelques rixes. En cours de route, le groupe s'est quelque peu amenuisé mais il a pu se rendre cette fois devant le siège de la direction de l'Education. Il était déjà midi passé et le personnel était sorti. Plusieurs cours dispensés en une seule séance Les élèves ont déchargé leur mécontentement en face de l'édifice avant de se disperser, mais en insistant pour ne pas reprendre les cours tant qu'aucune réponse satisfaisante ne leur est pas été donnée par la tutelle. « La situation est telle que même nous, en tant que filles, nous nous retrouvons comme des adultes à sortir souvent à 7 heures du soir, avec tous les risques que cela suppose », déplore une lycéenne participante qui a, avec ses camarades, rejoint le mouvement à partir d'un lycée situé à l'est de la ville. « Les programmes sont tellement chargés que nous n'arrivons plus à suivre et les professeurs eux-mêmes, soumis à l'obligation de les terminer avant la fin de l'année, n'arrivent plus à enseigner correctement », poursuit la même élève. Un peu plus loin, un autre élève s'étonne du fait que plusieurs cours soient dispensés pendant une seule séance. « Les profs vont tellement vite que nous n'avons même pas le temps de prendre des notes. Comment voulez-vous qu'on assimile quelque chose dans de telles conditions ? », s'interroge-t-il en rappelant que « le fait de se retrouver dans l'obligation d'étudier les lundis et les jeudis après-midi, empiète sur le temps de récupération et contribue au ras-le-bol vécu par les élèves. » Selon les explications données par cet élève, les programmes des années précédentes, pourtant inclus dans la réforme, n'étaient pas aussi chargés et la scolarité de ces mêmes protestataires était normale. Les notes « catastrophiques » des examens du 1er trimestre seraient également l'un des éléments déclencheurs de ce mécontentement. Les lycéens ont déclaré être décidés à poursuivre l'arrêt des cours. Dans l'après-midi, ils sont revenus pour un rassemblement devant le lycée Lotfi. Un de leurs camarades aurait été retenu pendant quelques heures au commissariat. Ce qui justifierait l'agitation constatée devant la 8ème sûreté urbaine, située pas loin. Vers 15 heures 30 de la journée du dimanche, le calme était revenu.