Les pays les plus riches de la planète, réunis ce week-end à L'Aquila, en Italie, honoreront-ils les promesses faites à l'Afrique ? Les engagements pris par le club des Huit lors de ce sommet avaient un air de « déjà vu ». Les mêmes mesures avaient été décidées au sommet de Gleneagles en 2005. Les aides aux pays pauvres devaient passer à 50 milliards de dollars à l'horizon 2010, dont 25 milliards pour l'Afrique au sud du Sahara. Ces serments ont été réitérés aux sommets de Saint-Pétersbourg et de Heiligendamm. Dans une déclaration commune diffusée mercredi, les pays du G8 ont renouvelé leur engagement à respecter les promesses faites à Gleneagles, malgré l'impact « sévère » de la récession sur leur économie. Le texte ne souffle mot sur le fait que les objectifs ne sont toujours pas réalisés. Dans une lettre du président algérien, lue par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l'accent a été mis sur la nécessité de « revoir les modes de production agricole dans le monde et de promouvoir les règles de l'équité et de la transparence dans le fonctionnement du marché des produits alimentaires ». Le président Bouteflika a affirmé que le problème central qui se pose est le manque d'investissement à long terme dans l'agriculture et dans le développement rural. Il a rappelé que la mobilisation de la communauté internationale face aux situations de famine en Afrique « a toujours été encourageante, ajoutant que « plusieurs fora mondiaux en ont débattu et de nombreuses initiatives ont été prises ». Le président algérien a consacré une partie de son intervention à l'impact de la crise financière et économique sur le développement de l'Afrique, ainsi que sur les changements climatiques et leurs répercussions sur le continent et les questions de paix et de sécurité. Les organisations non gouvernementales (ONG) reprochent aux pays riches de ne verser les aides qu'au « compte-gouttes » et craignent que la crise économique n'aggrave la situation. Selon les organisations internationales, les pays pauvres de l'Afrique font les frais de « l'indifférence » des dirigeants du G8, qui accordent, selon l'expression d'un responsable d'Oxfam, « plus d'attention à des mises en scène médiatiques liées au tremblement de terre de L'Aquila qu'à la nécessité de respecter leurs engagements en matière d'aide ». Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a assuré, par la voix d'un porte-parole, que « les pays africains n'étaient pas responsables de la récession et que les pays développés avaient la responsabilité de les en protéger ». Le président égyptien, Hosni Moubarak, a appelé, de son côté, les pays riches à « convenir d'un gel provisoire des dettes africaines ». Le président américain, Barack Obama, qui doit faire cette semaine une tournée en Afrique, devrait annoncer une initiative de 15 milliards de dollars du G8 et de pays émergents pour garantir la sécurité alimentaire dans le monde. La FAO, agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, décompte plus d'un milliard de personnes souffrant de la faim dans le monde, 100 millions de plus que l'an dernier.