Le thème retenu cette année pour la journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse est « Les femmes et la désertification ». Chez nous, dans les Ziban, à l'instar de nombreuses régions agricoles arides du continent africain, ce sont les femmes qui, traditionnellement, consacrent une grosse partie de leur temps au travail de la terre, en plus, bien entendu, des laborieuses corvées et des différentes tâches domestiques qu'exige la bonne tenue d'un foyer en milieu rural. Confrontées à la « dégradation de leur milieu », entre autres problèmes, les femmes ont sans doute appris à y faire face et partant ont acquis ainsi une expérience précieuse. « Mais en dépit de leur bonne volonté, de leurs efforts et des connaissances qu'elles ont accumulées, les femmes des régions arides sont, malheureusement, souvent analphabètes et, qui plus est, parmi les plus pauvres de la planète et, pour tout dire, n'ont guère les moyens de changer les choses en profondeur », affirme Dr Fatoum Lakhdari, directrice du centre national El Bernaoui pour la recherche scientifique et technique sur les régions arides (CRSTRA) de Biskra. Or, la lutte contre la désertification, chez nous comme dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification en Afrique, repose, pour une grande part, il ne faut pas hésiter à le dire, sur les frêles épaules des femmes, alors que ce sont les hommes qui possèdent la terre et le cheptel et qui, par conséquent, prennent les décisions, les femmes étant souvent exclues des projets de protection, de conservation et de mise en valeur des terres. En proposant à cette occasion son manuel « Expérience-pilote, éducation et sensibilisation environnementale sur les risques liés aux changements climatiques », l'ex-directrice du département de l'agronomie de l'UMK de Biskra se veut, avant tout, pédagogique et compte faire en quelque sorte deux récoltes en une saison agricole. C'est donc par la médiation de leurs enfants, filles et garçons, en majorité scolarisés, que la directrice veut cibler les femmes rurales. Les enfants, ainsi sensibilisés grâce à ce manuel, vont devenir les précepteurs en herbe de leurs propres parents et, ce faisant, vont entamer l'enracinement profond dans la quotidienneté des faits et gestes, une véritable culture de la protection de l'environnement. Ce manuel, offert gracieusement à tous les établissements scolaires urbains et ruraux, met particulièrement l'accent sur des expériences et des actions ponctuelles d'appui à la sensibilisation sur les risques encourus, en milieu rural, en cas de changements climatiques et, par la même occasion, « ouvre pour les femmes au foyer, mais travaillant comme des forçats, la terre nourricière », de nouvelles perspectives de prendre en main leurs destinées, et partant de changer, par petites touches successives, et leur environnement et leur société.