Menacée par la désertification comme en Australie ou, au contraire, servie par la hausse des températures dans les zones tempérées, l'agriculture va devoir adapter ses modèles au changement climatique. en Inde par exemple , près du quart de la superficie du pays s'est transformé en désert ou est en cours de désertification, selon une étude publiée mercredi, commandée pour la première fois par le gouvernement. La déforestation et la surexploitation des pâtures expliquent notamment le processus de désertification affectant surtout le nord et l'ouest de l'Inde, souligne l'étude, menée par le Centre d'application de l'espace et la revue Current Science. La surface totale soumise à la désertification, incluant les zones déjà considérées comme désertiques et celles menacées par le phénomène, est estimée à 814.500 km2 (ou 81,45 millions d'hectares), soit près du quart de la superficie indienne de 328 millions d'hectares. L'Inde compte pour 2,4% de la superficie totale de la planète mais le pays représente 16,7% de la population mondiale. Il compte aussi 18% du bétail mondial, rappelle l'étude. En Bolivie, depuis des semaines, bovins et moutons meurent de soif. La sécheresse qui frappe le sud-est du pays met en danger plus de 600.000 têtes de bétail et près de 2 millions d'ovins et de lamas sur la plaine andine de l'Altiplano, menaçant la sécurité alimentaire de ce pays très pauvre d'Amérique latine. En Australie, en revanche, le doute ne paraît plus permis. L'été austral n'est pas encore là, mais les feux de brousse ont repris, après les incendies meurtriers qui ont fait plus de 170 morts en février dernier. Depuis 2001, l'Australie est confrontée à une sécheresse sans précédent, Même s'il n'est pas question de généraliser ce scénario catastrophe, les agriculteurs sont désormais au pied du mur. En Europe aussi, les effets du réchauffement se font sentir : avancement de la maturité des raisins, précocité de la floraison, extension géographique des maladies et des insectes, etc. Les travaux scientifiques analysant l'impact du changement climatique sur les systèmes agricoles et la nécessaire adaptation de ces derniers sont désormais pris au sérieux. Les agriculteurs européens ont déjà réagi à la nouvelle donne en avançant les dates des semis ou en jouant sur le choix de variétés. En théorie, une hausse de 1° C rend possible le déplacement d'une variété cultivée de 200 kilomètres vers le nord. Autre centre de gravité, la désertification a d'énormes conséquences économiques. La Banque mondiale estime qu'au niveau planétaire, le manque à gagner des régions affectées par la désertification pourrait s'élever à 42 milliards de dollars américains, alors que le coût annuel de la lutte contre la désertification atteint seulement 2,4 milliards. La dégradation des sols est synonyme de famine et de pauvreté. Pour trouver d'autres moyens de subsistance, les populations qui vivent dans les régions menacées par la désertification sont obligées de se déplacer. Généralement, elles migrent vers les agglomérations ou partent à l'étranger. Les mouvements de populations sont l'une des principales conséquences de la désertification. Entre 1997 et 2020, quelque 60 millions de personnes quitteront les zones désertifiées de l'Afrique sub-saharienne pour gagner le Maghreb et l'Europe.Plus de 110 pays ont des terres arides qui sont potentiellement menacées par la désertification. L'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine sont les régions les plus menacées par la désertification. Les deux tiers du continent africain sont des déserts ou des terres arides. L'Afrique comporte de vastes étendues de terres agricoles arides, dont près des trois quarts souffrent déjà de dégradation à des degrés divers. En Afrique, les sécheresses sont à la fois graves et fréquentes. Pour assurer leur subsistance, de nombreux pays africains sont obligés de puiser abondamment dans leurs ressources naturelles. La désertification du continent a de graves conséquences en termes de pauvreté, de mouvements de populations et de sécurité alimentaire. Dalila B.