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Lutte contre la corruption : Rupture ou imposture
Publié dans El Watan le 03 - 04 - 2010

Il a seulement démontré tout ce qu'a de contradictoire et de confus la lutte qu'il prétend mener dans le sillage de Bouteflika. En effet, Ouyahia a semblé vouloir convaincre qu'il est possible de mener la lutte contre la corruption sans lutter contre les corrompus, sans changer les forces constituant le socle du pouvoir. «Grèves partout, flambée des prix, coups portés à l'extérieur, affaire Tibhirine, rumeurs sur la santé du Président … Je suis convaincu que c'est une affaire cousue de main de maître», lance Ouyahia. Il dénonce ceux pour qui le «nationalisme est devenu un registre de commerce», il évoque l'idée de lobbies pour, finalement, réfuter l'idée qu'une lutte de clans ferait rage ! Il procède par insinuation, mais réprouve la rumeur et constate, en affichant son dépit, que Bouteflika a été obligé de se montrer à la TV pour démentir la rumeur de son décès. Et quand Ouyahia regrette que l'opinion publique craigne que la campagne anti-corruption tourne à la lutte des clans, il tente de banaliser, parle d'une simple application de la loi, comme s'il voulait revenir à la situation antérieure à l'assassinat de Tounsi. De nouveaux dossiers font la une : conférence des pays du Sahel, émeutes à Alger, Sahara occidental. Il apparaît comme une inquiétante absence de stratégie ou même de volonté politique alors que Bouteflika présentait la lutte contre la corruption comme le grand chantier des années à venir.
Un peu comme si un segment du pouvoir était pressé de jouir des gains politiques engrangés depuis la mise en œuvre de la loi de finances complémentaire et les sénatoriales, on a l'impression qu'il a été décidé de surseoir à la lutte anti-corruption, que seules les affaires en cours seront prises en charge par la justice. Au moment où Ouyahia annonce que le plan quinquennal d'investissements passe de 150 milliards de dollars à 280 milliards, des observateurs ont parlé de fermeté d'Ouyahia. On a cependant entendu du désappointement dans son discours. Il a, en particulier, regretté l'absence de soutien et de satisfaction dans la société face à la lutte contre la corruption.
Aux yeux d'une société devenue méfiante à cause de trop nombreuses enquêtes et commissions sans lendemain, si ce n'est la condamnation de quelques lampistes, le pouvoir paraît ne vouloir régler que la question de sa survie, assurer l'hégémonie d'une de ses composantes, plutôt que d'en finir avec la corruption. Il est incapable de reconnaître que cette question est une affaire de justice mais aussi de morale et de politique. Il ne peut convaincre la société qui a déjà sanctionné par l'abstention massive la façon dont Bouteflika s'est imposé pour cinq nouvelles années, et oppose à Ouyahia la rumeur sur une supposée collusion d'intérêts avec l'entreprise privée qui assure le transport universitaire.
La société reste convaincue que le pouvoir n'a ni la légitimité politique ni l'autorité morale nécessaires pour mener la lutte contre la corruption. En réduisant cette lutte à une lutte de clans, elle dénonce l'absence de démocratie qui permettrait une lutte ouverte, transparente et conséquente contre la corruption.
La société dit : prouvez-nous que vous n'êtes pas dans la lutte des clans ! Libérez l'expression démocratique, permettez à la société de faire barrage aux corrompus sans risquer de se faire confisquer la victoire comme contre l'islamisme assassin ! Les patriotes qui se sont dressés contre la barbarie ont été renvoyés comme des malpropres. Certains comme Mohamed Gharbi croupissent en prison parce qu'ils ont voulu se défendre contre ceux qui les menaçaient, tandis qu'un mouvement comme le MDS, réputé anti-rentier, se voit refuser l'autorisation d'organiser une activité publique à l'occasion du 8 Mars. Ouyahia n'exprime qu'un soutien à Bouteflika et appelle à un engagement derrière lui. Il évoque «la résolution de l'Etat, sous la conduite du président de la République, à combattre… la corruption». Exprimant sa propre résolution, la société conteste le pouvoir : conflit à la radio, grève de la faim des agents de sécurité à Skikda, émeutes dans les bidonvilles, étudiants en grève de la faim à Oran, et annonce d'une grève des travailleurs communaux. Elle dit : montrez que vous êtes prêts à rompre avec le despotisme néolibéral, alors la société vous croira prêts à rompre avec la lutte des clans et les intérêts liés à la corruption. Sans contrepartie démocratique et sociale, sans changement radical, sans citoyenneté pleine et entière, aucune adhésion à la lutte contre la corruption n'est possible.
La façon d'agir du pouvoir, sa politique opaque et ambigüe ainsi que la rapacité du despotisme néolibéral ne produisent que l'inhibition ou le chaos. Le pouvoir se contente alors de colmater les brèches par des concessions et la répression. Et là, il est capable de trouver 900 logements, pour répondre aux habitants de Diar Echems qui n'en espéraient peut-être pas tant puisqu'ils se seraient vu offrir par le pouvoir, au détriment de l'OPGI, des appartements dont le prix de revient serait de près d'un milliard de centimes. La réaction du pouvoir face aux revendications des enseignants est tout aussi symptomatique. Après trois mois, il accepte une augmentation des salaires mais ne cède rien sur les œuvres sociales dont les montants colossaux restent gérés de façon non transparente et potentiellement corruptrice. Et quand Ouyahia parle de justice pour rassurer sur sa volonté de poursuivre la lutte contre la corruption, les enseignants doivent se demander : parle-t-il de la même justice qui a décrété illégale notre grève ? Ceux qui prétendaient s'appuyer sur la paix pour renouer avec le développement ont échoué. Ceux qui promettent la lutte contre la corruption aujourd'hui et la démocratie plus tard n'assureront, eux aussi, le triomphe, ni de l'une ni de l'autre. Les Algériens ne sont ni naïfs ni hypocrites, comme le pensent les tenants du pouvoir. Ils ne croient ni en leurs professions de foi ni ne se prélassent dans «le confort politique» en laissant le pouvoir accomplir seul les tâches difficiles, le sale boulot comme aime à le dire Ouyahia qui agite son image de «bourourou». Ce que Ouyahia appelle le «confort politique», c'est l'intuition que malgré des apparences parfois prometteuses, ce que fait le pouvoir ne va pas dans la bonne direction ou n'aboutira pas. Et que s'il veut l'aide des patriotes et des démocrates, c'est parce qu'il se sent isolé par rapport à l'étranger.
Chakib Khelil n'a-t-il pas avoué que le scandale de Sonatrach a écorné l'image de l'Algérie ? Aussitôt on évoque la menace sur la souveraineté et on voit le pouvoir se déployer. Messahel rejette l'ingérence au Sahel, Zerhouni appelle l'ONU à organiser une conférence sur le terrorisme dans le prolongement d'Ouyahia qui «condamne les compromissions à courte vue avec le terrorisme, à travers la libération de criminels condamnés… et à travers le paiement de rançons aux terroristes en négation de la résolution pertinente du conseil de sécurité. Il oublie juste avoir offert l'exonération des poursuites et la liberté aux terroristes islamistes algériens dans le cadre de la réconciliation nationale.
Impunité : voilà le seul mot qui résume ce pouvoir. Avec une telle enseigne à son fronton, comment pourrait-il mobiliser ? Ce pouvoir qui achète des députés mal élus, à l'intérieur, et le soutien occidental à l'extérieur, par des marchés et des placements, peut-il se targuer de lutter contre la corruption ? Croit-on échapper à ce fléau dans un pays toujours lesté par les archaïsmes et l'islamisme ? Peut-on prétendre lutter contre la corruption avec des partis-Etats, avec un FLN qui organise son 9e congrès dans une débauche de moyens qui ne sont pas ceux de ses militants ? Et pour clôturer ce congrès — aussi fastueux que vide — la justice a condamné en appel Mellouk dans l'affaire des magistrats faussaires. Une honte !En restant accroché à une conception obsolète d'un monde arabo-musulman que l'on ne contribue pas à faire évoluer, en offrant la même image d'immobilisme, peut-on lutter contre la corruption, ou en affichant de bonnes relations avec le Soudan du général El Bechir qui menaçait de faire fouetter Lubna Hussein parce qu'elle portait un pantalon pendant que la corruption règne dans ce pays ? Pense-t-on que le makhzen marocain, que le régime de Moubarak qui voudrait transmettre le pouvoir à son fils, que celui de Kadhafi ou de l'héritier de Assad peuvent échapper à la corruption ? Alors que certains préparaient un parti pour le frère de Bouteflika, le pouvoir algérien peut-il prétendre faire mieux ? On ne saurait soustraire l'Algérie seule de la corruption endémique qui règne dans le monde arabo-musulman, mais elle saura trouver les peuples arabes en s'engageant dans une voie démocratique, pas en offrant des concessions à quelques milliardaires arabes qui viennent en Algérie en bénéficiant des grâces du pouvoir, pour spéculer dans la téléphonie et l'immobilier, après avoir dépouillé leurs peuples. Peut-on lutter contre la corruption quand le choix est de soutenir Karim Djoudi qui veut continuer à spéculer sur les bons de trésor américains ou Temmar qui voulait privatiser «le tas de ferraille» que constituent, à ses yeux, les entreprises publiques algériennes et qui maintenant propose de rapatrier une partie des revenus du pétrole pour développer une politique industrielle ? A moins qu'il n'ait été seulement question de brandir une menace face aux USA qui mettent l'Algérie sur une liste noire du terrorisme et dénoncent les atteintes aux droits de l'homme.
La lutte contre la corruption telle que la mènent Ouyahia et Bouteflika est la continuation de la manière dont ils répondent aux critiques sur les restrictions des libertés. En niant leur ampleur, en prétendant que la situation s'améliore, en se livrant à des contorsions et des manœuvres, ils croient échapper à leurs responsabilités. C'est la poursuite des mêmes fins par des moyens différents : assurer la domination du despotisme néolibéral aussi bien contre les intérêts rentiers que contre les intérêts liés au travail et à la production. Le pouvoir dit qu'il faut servir les intérêts rentiers ou les intérêts néolibéraux, alors que la société pense qu'il faut les repousser tous les deux, car jamais la corruption n'a prospéré à si grande échelle qu'avec Bouteflika qui incarne leur domination commune.
Et pour cause ! Si dans une économie administrée elle est le moyen de contourner les monopoles, face à l'orientation néolibérale, la corruption est le moyen de contourner la concurrence tant que les entreprises ne peuvent pas assurer leur développement et leur reproduction dans la sphère de la production.Dans les deux cas, elle se nourrit de rapports politiques anti-démocratiques. Mais alors comment échapper à la corruption ? On ne le pourra que par la rupture, en soutenant le changement démocratique et une économie productive.C'est là et seulement là qu'est la lutte contre la corruption. C'est donc une fausse bonne idée que de proposer d'aller spéculer sur les marchés spots pour permettre à Sonatrach d'échapper à la corruption. Il faut plutôt permettre que ses gestionnaires n'aient plus à agir sur injonction, et faire entériner leur nomination par un parlement représentatif et élu démocratiquement devant lequel ils devraient rendre des comptes annuellement. Il faut mettre une limite à la cupidité, c'est-à-dire mettre une limite à l'enrichissement et assurer un véritable impôt redistributif. Il faut faire toute la transparence sur les fortunes, en permettant aux impôts et aux différents services concernés d'agir à l'échelle communale.Il faut que les représentants des travailleurs participent au contrôle des entreprises, en particulier celles qui ont reçu un soutien financier de l'Etat, qu'elles soient publiques ou privées. Il faut refuser le dépeçage légalisé du secteur public à travers une privatisation qui peut être assimilée à une liquidation. Il faut signer les conventions internationales que le pouvoir refuse toujours de signer. Il faut installer les institutions qui doivent mener la lutte contre la corruption.Quand au ministre de la Justice qui déclare que Bouteflika n'a pas trouvé six personnes pour encadrer l'Observatoire de la corruption, il laisse penser que l'ensemble des institutions de l'Etat sont dirigées par des corrompus. C'est pourquoi, la lutte contre la corruption ne peut aboutir à la confiance dans ce pouvoir, qui tarde ou refuse d'adopter les mesures qu'exige la situation, elle doit passer par la rupture et l'installation d'un pouvoir de combat démocratique. Toute autre solution n'est que phrase et tromperie.
– L'auteur est : Membre du Mouvement démocratique et social


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