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Nazim Mekbel. Coordinateur du projet de recueil et représentant du FIBDA au niveau international « La BD africaine, comme tout art africain, est marginalisée »
On est étonné par la vitalité des dessinateurs africains, pourquoi la BD en Algérie s'essouffle-t-elle ? Pourtant il y a presque les mêmes contraintes : la censure, peu de moyens... Effectivement, la tendance de la BD algérienne suit une courbe inverse à la BD africaine en générale dans le sens où elle est en arrêt. Je dirais que cela vient de plusieurs facteurs. Premièrement, les événements des années 1990 ont fortement freiné la création artistique. En second, excepté la Société nationale d'édition et de diffusion, puis l'Enag, aucune maison d'édition n'a pensé qu'il était opportun d'éditer des bédéistes, misant plutôt sur la littérature dite intellectuelle. Enfin, fait très important, la BD est considérée en Algérie comme un art mineur dans le sens où il est synonyme de Mickey… de distraction. On n'arrive pas à concevoir que la BD est aussi un outil pédagogique éducatif. Quelle est la place de la BD africaine dans le marché mondial ? Jusqu'à présent la BD africaine, comme tout art africain, est marginalisée, traitée de façon exotique. Sans distinction de courants, de frontières, ou de tendances. Lorsqu'un auteur africain est invité dans un quelconque festival européen, il est étiqueté de « bédéiste africain », et son propre trait n'est pas mis en valeur. Ce qui a tendance à enfermer injustement l'auteur dans un style réducteur. Aujourd'hui les festivals européens semblent se tourner vers l'Afrique à cause de la crise. La BD africaine a-t-elle une chance de devenir une plate-forme de BDéistes africains, et plus généralement du Sud ? C'est une question très importante dans le sens, où lors du premier festival de BD en octobre 2008, un manifeste avait été signé par les 23 bédéistes africains présents et remis à la ministre de la Culture algérienne. Ce manifeste demandait clairement à ce que le FIBDA devienne le lieu de rassemblement de la BD africaine. Car, pour la première fois, les différents courants africains étaient rassemblé dans un même lieu. Ce qui a été confirmé lors du Panaf', puisque nous avons créé, en résidence, en présence d'auteurs africains, un recueil de contes sous forme de BD, ce recueil regroupe pas moins de 67 auteurs provenant de 19 pays africains aussi bien francophones, anglophones qu'arabophones.