«La bande dessinée africaine revêt une richesse et une originalité particulières malgré les problèmes qui l'entravent, notamment l'édition», a estimé mardi à Alger un critique et universitaire congolais. «Contrairement à une bande dessinée mondiale souffrant du ´´déjà vu´´, la BD africaine connaît une véritable renaissance grâce à une jeune génération d'artistes qui s'inspirent dans leur travail des nombreux contes et traditions que recèle l'Afrique», a indiqué le professeur Mye Lumbala Hector, venu participer au 2e Festival culturel panafricain qui se déroule à Alger jusqu'au 20 juillet. L'originalité de la BD africaine réside également dans le fait que ses dessins, réalisés à l'encre de Chine, au crayon ou sur ordinateur, et ses personnages permettent aux lecteurs de se situer et de reconnaître tout de suite l'identité africaine. Il a souligné toutefois la situation ´´difficile´´ que vit la BD en Afrique eu égard aux nombreux problèmes qu'elle rencontre en matière d'édition, de diffusion et de promotion. «Nous n'avons pas encore compris que la bande dessinée est un moyen d'expression pédagogique à même de contribuer à l'éducation de nos sociétés», a soutenu ce sexagénaire qui s'attèle à achever un ouvrage sur la BD en Afrique. Le professeur Lumbala a évoqué dans ce contexte la contrainte de nombreux bédéistes africains de recourir à des maisons d'édition étrangères, souvent européennes, pour éditer leurs planches et sortir ainsi de l'anonymat. Il a estimé cependant que l'organisation de manifestations telles que le Panaf 2009 ou le festival de la bande dessinée africaine, tenu en 2008 à Alger, permet aux bédéistes africains d'échanger leurs avis et expériences et de faire connaître leurs talents au grand public. «Nous souhaitons sincèrement que la 2e édition du Panaf soit une occasion pour relancer la BD africaine», a-t-il encore ajouté. Le professeur Lumbala, qui dit «se reconnaître dans la BD africaine plus que les autres BD», a affirmé que le recueil comprenant les bandes dessinées africaines, exposées dans le cadre du Panaf, et qui sera présenté vendredi prochain lors d'un concert musical à Alger, est «déjà un pas en avant et une action commune au profit de la BD africaine». «Inscrire la BD dans le programme du Panaf est une manière de donner une lettre de noblesse à ce 9e art et de le reconnaître», a-t-il relevé. Concernant la BD algérienne, M.Lumbala a affirmé avoir rencontré au cours de son séjour à Alger de talentueux jeunes bédéistes algériens qui méritent d'être encouragés.