Ni occidental ni pro-soviétique à l'époque de la guerre froide, le Mouvement des non-alignés (MNA) doit désormais redéfinir sa position. Son 15e sommet, qui s'est déroulé mercredi et jeudi en Egypte, se veut l'occasion d'un renouveau. Solidarité internationale pour la paix et le développement, c'est sur ce thème qu'ont planché, deux jours durant, les leaders des pays en voie de développement à Charm El Cheikh en Egypte. Aujourd'hui, alors que la guerre froide n'est plus, le MNA doit retrouver sa place dans le nouvel ordre mondial, afin de conserver sa légitimité. Un sommet dominé par l'Inde et le Pakistan Les Premiers ministres indien et pakistanais se sont entretenu en marge du sommet. Cette réunion pourrait relancer le laborieux processus de paix amorcé en janvier 2004 entre les deux puissances nucléaires militaires de l'Asie du Sud et gelé depuis les attentats de Bombay. Ces attaques, qui ont fait 174 morts (dont neuf des dix assaillants) en novembre 2008, ont été imputées par New Delhi à un groupe armé pakistanais avec la complicité des services de renseignement militaires d'Islamabad. Les deux pays se sont engagés à coopérer pour lutter contre le terrorisme. Plus de 50 chefs d'Etat ont adopté « la Déclaration de Charm El Cheikh », un projet de déclaration présenté par l'Afrique du Sud qui proclame le 18 juillet, date anniversaire de l'ex-président Nelson Mandela, comme journée mondiale, en raison de son rôle pour les mouvements de libération nationale. Une tribune pour les pays en voie de développement Le MNA appelle également à la levée de l'embargo commercial et économique imposé à Cuba et prévoit l'organisation d'une conférence ministérielle au Qatar, en 2010, prônant le renforcement du rôle de la femme.Le sommet était aussi l'occasion pour les chefs d'Etat du MNA de pousser un coup de gueule. Le président cubain, Raul Castro, a affirmé que les pays en développement avaient été les plus durement frappés par la crise économique. « Nous demandons un nouvel ordre monétaire et économique international. Nous devons restructurer le système financier international pour prendre en compte les besoins des pays en développement », affirme M. Castro. Le président Bouteflika a plaidé lui pour un nouvel ordre mondial en fustigeant la marginalisation qui touche les pays du Sud et leur exclusion des sphères où sont prises les décisions importantes au niveau international. Le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, s'est insurgé contre la « non-représentativité » du Conseil de sécurité des Nations unies, qu'il a qualifié de « terroriste ». De son côté, le Premier ministre indien rappelle que « les processus décisionnels, aux Nations unies ou dans les institutions financières internationales, continuent d'être basés sur des chartes écrites il y a plus de 60 ans, bien que le monde ait largement changé depuis ». Créé en 1955, pendant la guerre froide, le Mouvement des non-alignés entendait se distancer des blocs Est et Ouest. Aujourd'hui, après l'effondrement de l'URSS et le bouleversement de l'équilibre mondial, c'est sa raison même d'exister qui pose question.