Il y a un an, jour pour jour, le 8 février 2004, des policiers tunisiens ont bastonné des supporters algériens dans les tribunes et aux alentours du stade de Sfax à l'occasion de la rencontre Algérie-Maroc (1-3, après prolongations) comptant pour les quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations 2004 organisée par la Tunisie. Prenant prétexte des jets de bouteilles en plastique et de quelques sièges (faits avec la même matière) sur le terrain par quelques supporters algériens déçus par la tournure du match, des membres du service d'ordre tunisien (en tenue et en civil) ont investi les tribunes, matraques à la main, et se sont acharnés, avec une férocité bestiale, sur des citoyens algériens qui avaient fait des milliers de kilomètres pour venir encourager leur équipe nationale. Le 8 février 2004 restera à jamais gravé dans la mémoire de ces milliers de supporters algériens sur qui des policiers tunisiens se sont acharnés. Les supporters algériens ont été même pourchassés, après le match, dans les rues d'une ville qui les a mal accueillis, eux qui s'étaient déversés dans Sfax, le cœur rempli de joie, les visages radieux de gens heureux qui vont à un spectacle, à une fête... Des supporters algériens avaient rallié Sfax avec l'insouciance qui sied à pareille circonstance. N'avaient-ils pas créé l'événement par l'engouement populaire qu'ils avaient provoqué à Sousse lors des trois premiers matches de l'équipe d'Algérie devant le Cameroun (1-1), l'Egypte (2-1) et le Zimbabwe (1-2) ? Jamais de mémoire d'observateurs ayant suivi les Coupes d'Afrique des nations une équipe nationale n'avait drainé derrière elle autant de supporters, avec ferveur, passion et bonheur. Mieux, les supporters algériens, dans l'ensemble, se sont bien comportés. Pour preuve, face au Zimbabwe, les Verts étaient, à un moment, éliminés du tournoi sans que cela entraîne le moindre dépassement de la part du merveilleux public algérien. Tout ce beau décor s'est effondré le 8 février 2004. Pourquoi ? Seuls les organisateurs sont aptes à répondre à cette interrogation. Jusqu'à présent, ils se sont murés dans le silence. Les promesses (côté algérien) de faire toute la lumière sur ces douloureux évènements de Sfax n'ont pas été honorées. Et pourtant, un jeune citoyen algérien, Seddik Delaâ, parti à Sfax au volant de sa voiture est revenu dans un cercueil, victime d'actes ignobles commis par des Tunisiens. L'enfant de Bachdjarah avait l'habitude d'effectuer des déplacements pour suivre les rencontres du MC Alger (dont il était supporter) à l'extérieur de la capitale. Il a payé de sa vie sa passion pour le football et l'équipe nationale de son pays, l'Algérie. Ses compagnons d'infortune et de quartier sont rentrés chez eux blessés et marqués à vie par la cauchemardesque nuit sfaxienne. Le gouverneur de Sfax avait ordonné aux commerçants de baisser rideau et aux citoyens de rester chez eux, parce que des supporters algériens allaient venir à Sfax. Les responsables de l'organisation du match qui ont mis en vente des billets dépassant les capacités du stade, les policiers qui ont sauvagement frappé des supporters algériens, des citoyens de cette ville qui ont dressé des barrages sur la route pour endommager les véhicules immatriculés au pays d'un million et demi de martyrs, ceux qui ont vécu ce drame en direct et tentent de réduire sa portée ne rendent service à personne. Hier, le MC Alger a posé pied à Sfax en prévision du match retour de la Coupe arabe contre la formation locale. Chaleureusement accueillis à Alger, il y a deux semaines, les Tunisiens vont tenter de faire mieux. C'est bien et tant mieux. Le temps, peut-être, cicatrisera la plaie, mais la mémoire mettra plus de temps pour effacer le mauvais souvenir du 8 février 2004.