Février 2004 - février 2005, retour à une ville qui fait peur aux Algériens. Un an est déjà passé, jour pour jour, sur le scandale de Sfax. Les habitants de la capitale du sud tunisien, un million environ, se souviennent toujours de cette horrible nuit et des sanglants affrontements qui ont suivi le match des quarts de finale de la CAN 2004 entre l'Algérie et le Maroc. La plupart des Sfaxéens ne veulent pas s'attarder sur ce sujet, avec nous. Rares sont ceux qui évoquent ces mauvais souvenirs que cette ville a connus. Pour Réda, un jeune chauffeur de taxi qui nous a conduit à l'hôtel Syfax, c'était carrément la “guerre”. “Je ne pense pas que Sfax ait déjà vécu un scénario pareil”, déclare-t-il sur un ton de dépit. “Vraiment, c'est regrettable. Mais je pense que certains supporters algériens sont beaucoup plus responsables de ce qui s'est passé. Ils se sont très mal conduits à notre égard. Je vais vous donner un exemple. Un fait que j'ai vécu moi-même. J'ai conduit deux Algériens à cette époque. Lorsqu'on est arrivé, je leur ai demandé de me payer bien sûr. Vous savez quelle a été leur réponse, ils m'ont dit textuellement : on est ici sur invitation du président Benali. C'est à lui de vous payer, vous voyez ?” Même témoignage pour Zoubir (fonctionnaire) : “Croyez-moi, nous aussi, nous gardons encore un souvenir très douloureux de cette nuit. Personne n'aurait souhaité que ça finisse comme ça. Mais, il faut dire aussi que même les Algériens ont beaucoup abusé. Ils nous ont envahis. Je me demande vraiment que s'ils étaient arrivés en finale quelle aurait été leur réaction ?” martèle-t-il. Un an après, Sfax n'a pas l'intention de revivre les mêmes évènements. Un calme absolu règne autour de la ville, en dépit de l'importance de cette belle affiche. À 24 heures de ce rendez-vous, l'on a constaté qu'il n'y a pas beaucoup de discussion autour du match. Les Sfaxéens s'accordent à dire que la fièvre va vraiment monter, dès que les billets d'entrée seront mis en vente, ce qui devait se faire, normalement, hier soir. Tout le monde s'attend donc à se que le match se déroule dans de bonnes conditions, du fait notamment que les supporters algériens n'ont pas été vus, c'est vrai jusqu'à la veille du match, dans les parages. Cela dit, il n'empêche qu'une confrontation face aux Algériens reste assez particulière pour les Tunisiens qui promettent beaucoup de spectacle au niveau des tribunes du stade Tayeb-M'hiri qui affichera, sans doute, complet. M. B.