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Réconciliation à marche forcée
Publié dans El Watan le 18 - 07 - 2009

Les autorités viennent de s'illustrer par une nouvelle interdiction d'une activité publique. Le collectif des familles de disparus et des associations des victimes du terrorisme ont été empêchés, jeudi, d'organiser à Alger un forum sur le thème « La mémoire des victimes pour la construction d'une société ». Pour marquer la vanité de toute tentative d'interdiction visant une initiative de la société civile, les organisateurs du forum ont pu tenir leur rencontre au siège d'une association. Il faut noter l'obstination de ces associations à ouvrir le débat dans leur propre pays, après avoir été contraintes en 2007 à tenir un séminaire à Bruxelles, intitulé « Pour la vérité, la paix et la réconciliation ». Les autorités sont en train de pousser à la clandestinité des associations qui ont vécu dans leur chair les années de terrorisme.
L'expatriation de ce genre d'initiatives serait une aubaine pour le pouvoir qui aura plus d'arguments pour vilipender le recours à des tribunes étrangères. Pourtant, le sujet n'est pas banal. Il est au cœur de la problématique nationale. Les autorités algériennes sont peut-être seules au monde à croire que l'avenir peut être construit sans vérité ni justice. Ces exigences sont certainement à rebours des dispositifs mis en place, ces dernières années, autour de la paix et de la réconciliation, mais aucune société ne peut faire l'économie d'un processus de justice et de vérité pour envisager un avenir apaisé. Le déni de mémoire favorise la répétition des faits, comme le soulignent les représentants des associations. L'interdiction administrative et policière vécue ce week-end à Alger donne une résonance particulière à la déclaration du secrétaire général du FLN, la semaine dernière, au sujet des propositions de révision de la loi sur les partis et du code de l'information. L'ex-parti unique n'a pas été interdit, loin s'en faut, de débattre, mercredi, du thème du « Pluralisme politique en Algérie, expérience et perspectives ».
Au moment où les partis de l'opposition se débattent dans des difficultés les réduisant à l'inaction, c'est le parti phare de l'Etat qui se propose de faire le point sur la vie politique nationale et « d'évaluer ce qui est bon dans l'expérience du pluralisme et ce qui ne l'est pas ». En somme, c'est le parti qui a été contraint, en 1988, de lever la chape de plomb sur le pays qui se retrouve aujourd'hui en position d'évaluer le pluralisme politique et d'en concevoir la révision. Ce n'est pas le retour à la case départ, mais ça y ressemble. Le FLN s'est bien entendu soustrait à toute idée de justice et de vérité sur les décennies de son règne à la tête de l'Etat, notamment sur ce qu'a enduré le mouvement culturel berbère. Résultat : en 2001, les faits se sont répétés en Kabylie, sous des formes autrement plus meurtrières.


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