Tragédie n Plus de 200 000 morts, plus de 10 000 disparus, plus de 3 000 femmes violées et des dizaines de milliers d'orphelins sont les chiffres donnés par l'association Somoud des familles des victimes enlevées par les groupes armés islamistes. «On a écouté les bourreaux et on a dit aux victimes taisez-vous», lancera Ali Merabet président de l'association Somoud au sujet de la charte pour la réconciliation nationale, lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'association à Sidi-Moussa, en collaboration avec des responsables de Djazaïrouna, SOS disparus et l'Association nationale des familles des disparus (Anfd). «Les responsables n'ont écouté que les criminels, ils leur ont promis l'impunité, la suppression de la qualification de terroriste et la prise en charge de leurs problèmes sociaux. Mais ils n'ont pas écouté les victimes de la tragédie», ajoutera M. Merabet avant de poursuivre : «Avec la charte pour la réconciliation nationale le criminel n'est plus puni, l'Etat donne une nouvelle définition du crime. Il suffit de ne pas poser de bombe, de ne pas commettre de massacre collectif, ni de viol, pour le reste tout est permis». Les associations présentes à la conférence ont regretté le manque de communication et le peu d'intérêt manifesté à leur égard par des responsables. «Nous n'avons pas été écoutés, nous avons été marginalisés dans ce processus», dira le président de Somoud. «La prorogation ou pas de la charte ne concerne en rien la catégorie des disparus», ajoutera-t-il. S'agissant des cas de disparus, ces associations se sont montrées outrées et choquées par la décision du ministère de la Justice de finaliser le dossier des disparus en délivrant des actes de décès aux familles. «Nous nous élevons contre les pressions exercées sur les familles des disparus, surtout dans les régions isolées, pour signer des P.-V. falsifiés faisant de leurs parents disparus des victimes d'accrochages ou morts lors d'opérations armées alors qu'ils ont été enlevés de chez eux», dira la représentante de l'Anfd. Le président de Somoud reprendra en adressant une simple question aux responsables de l'Etat : «Sur quelle tombe puis-je me recueillir ?». Question simple, mais très lourde de sens. Les associations présentes à la conférence ont convenu d'unir leurs forces en un front unique des victimes du terrorisme et d'établir une base de données pour mieux gérer les problèmes liés à cette catégorie de la société afin de faire un travail de mémoire et de pouvoir, un jour, écrire l'Histoire.