Le quartier Boutane, situé à la périphérie de la ville de Khemis Miliana abrite plus de 2000 âmes dans des habitations précaires, datant de l'ère coloniale et où la population souffre au quotidien, d'un environnement hostile qui met les nerfs à fleur de peau. Ce quartier a, de tout temps, connu des moments difficiles, particulièrement durant les années 1990. Aujourd'hui, de nombreuses familles y résident, dont des jeunes confrontés au problème du chômage et à la malvie, se débrouillant comme ils peuvent pour assurer leur subsistance. Ces derniers jours, de jeunes adolescents se dirigent tôt le matin vers les champs de pomme de terre qu'ils récoltent péniblement, puis vont revendre le produit de leurs efforts au prix de gros ou du détail. Le site en question, est perdu dans un espace où tout n'est que gravats, poussières et détritus. Par ailleurs, certains jeunes rencontrés sur place, se plaignent de l'absence de l'éclairage public. D'autres évoqueront le problème d'évacuation des eaux usées. Sur les lieux, on peut constater l'état des avaloirs bouchés et des flaques d'eau noirâtre. En outre, feront remarquer nos interlocuteurs, l'état des routes est fortement dégradé. « Voyez ! », nous dit l'un d'eux, en désignant un tronçon de route aménagé dans la précipitation, suite à une visite ministérielle effectuée au centre universitaire de Khemis Miliana. « Vous pouvez remarquer que la pose du tapis de bitume s'est arrêtée juste à l'entrée du quartier pour être reprise à son extrémité afin de permettre à la délégation ministérielle d'emprunter sans encombre la route menant au campus », explique un habitant. Quant aux chemins donnant accès aux habitations, ils se trouvent dans un état de dégradation constituant un problème majeur pour la population. Une partie de ce quartier connaît le lancement d'un chantier pour la construction de logements, nous dit-on sur place, à l'endroit même où plusieurs familles ont bénéficié il y a de cela deux années d'une opération de recasement. Nos interlocuteurs diront vivre dans l'espoir de bénéficier d'une opération de relogement. Celle-ci tarde à venir, ont-ils regretté, d'autant qu'elle relève d'un plan national visant l'éradication de l'habitat précaire. Un peu plus loin, sur le même site, le quartier Essalem composé de logements neufs de type socio-locatif et participatif (LSP) offre un spectacle désolant et des signes de dégradation avancée, notamment les espaces verts où l'incinération d'ordures cause tant de désagréments. A quelques mètres de l'antenne municipale, une aire de jeu, récemment aménagée, est déjà abandonnée et les tobogans retirés ou détruits. Au moins 5000 habitants sont recensés dans ce quartier appelé « ville nouvelle » et dont la prise en charge nécessite la mobilisation de personnes conscientes des questions de l'environnement. Dans cet ordre d'idée, l'un des habitants ne manquera pas de relever, par ailleurs, que le site connaît quasi-quotidiennement, des scènes de violence entre familles, ou voisinage, impliquant des personnes s'adonnant à la drogue ou à l'alcool. Le même interlocuteur fera observer que le site n'est pas doté d'un siège de sûreté urbaine, ce qui encourage toute sorte de délinquance, sachant de plus, que de nombreux SDF ont élu domicile sous les arcades des logements LSP, donnant sur la RN 4. Aussi, a encore indiqué le même habitant, l'appel est lancé aux pouvoirs publics, afin d'assurer une présence policière au niveau des quartiers Boutane et Essalem où les agressions sont trop fréquentes.