Azal Belkadi expose à Paris jusqu'à la fin du mois de juillet une quarantaine de toiles sur la femme algérienne. Femme kabyle, femme d'Alger, chaouie, ou du désert, elles partagent toutes un dénominateur commun : le regard triste. Paris : De notre correspondant Artiste jusqu'aux bouts des ongles, doté d'une sensibilité musicale aiguisée, peintre, costumier, joueur de tambourin, Azal Belkadi, jeune algérien vivant en France depuis les années 1990, détient plus d'une corde à son arc. Sa dernière exposition (hommage à la femme algérienne) à l'association culture berbère (ACB), dans le 20e arrondissement de Paris, n'est que la confirmation de son imagination inépuisable et de son talent. Sa peinture est d'une expressivité bouleversante. Elle accompagne le temps qui passe avec son lot de joies et de souffrances. Femme chaouie, kabyle, femme du désert, femme d'Alger dans sa cour ou petite fille en robe traditionnelle, au total plus de quarante tableaux montrant des visages aussi variés qu'impétueux sont exposés. Les regards sont bouleversants, à l'image de celui de Tinhinan, reine du désert dont les yeux semblent évoquer les douleurs vécues par les femmes algériennes sans exception. « C'est grâce à ces femmes que je continue à peindre. Elles sont les gardiennes infaillibles des traditions. Ce sont elles qui conservent notre culture et notre mémoire. Il est donc de mon devoir de leur rendre hommage », explique Azal qui espère vendre quelques tableaux pour financer la sortie de son prochain et nouvel album de musique. La femme est le fil conducteur de l'exposition. Femme héroïne ou femme dépositaire des valeurs ancestrales, les tableaux d'Azal Belkadi font transparaître toute la souffrance et la douleur muette de la femme kabyle, victime de la misère, de la loi scélérate des hommes et du poids des injustices. « J'ai choisi de peindre des images marquées par le poids de la vie car elles montrent la douleur que portent les femmes algériennes en général sur leurs frêles épaules. Elles sont victimes de pratiques machistes des hommes et de la société », enchaîne le peintre. Il estime que la souffrance vient aussi de l'hégémonie faite à la culture et à la langue amazighes. Et d'ajouter : « C'est la culture ancestrale de tout un peuple qui est en danger, face à des régimes totalitaires pratiquant des politiques d'arabisation et d'islamisation annihilantes. » Prévue pour une durée d'un mois, l'exposition a déjà attiré de nombreux visiteurs.Mais Azal Belkadi ne peut se satisfaire d'une seule et unique exposition. Créateur, il a déjà conçu des costumes pour de nombreuses pièces de théâtre, comme le Tiers restant de Mohamed Zaoui, jouée dans plusieurs salles françaises, et L'Opéra des cités, spectacle réalisé par la chanteuse Djura en collaboration avec de nombreuses institutions culturelles françaises.