A défaut de réhabiliter la salle de théâtre pour servir de lieu de spectacles, les autorités locales ont opté pour incorporer l'édifice au siège de l'APC. Hérité de l'ère coloniale où se déroulaient en son sein, durant cette époque révolue, toutes sortes de représentations artistiques, principalement théâtrales et lyriques, le théâtre de Aïn Taya est aujourd'hui dans un piteux état. Ce chef-d'œuvre architectural, mitoyen du siège de l'APC, a gardé toutefois une devanture impeccable ornée par la sculpture du masque tragi-comique, le singularisant ainsi de tout autre édifice public de la ville. On est assurément face à un théâtre, quoique ses murs soient complètement lézardés et son plafond effondré dans sa totalité. Le théâtre fait face à la placette de la ville et était naguère un joyau architectural, mais la bêtise humaine a réduit, en fait, cette merveille de la culture locale à un champ de ruines. Mais avant que son état ne se détériorât de la sorte, il était depuis 1962, tantôt sous la tutelle du ministère de la Culture, tantôt sous celle des Collectivités locales. Il fut cédé en 1985 à la commune par la Cinémathèque algérienne jusqu'à sa fermeture, en 1987. Le théâtre en question semble à travers cette vacillation représenter jusqu'ici une source de problèmes, plutôt qu'un atout culturel pour la petite ville de AïnTaya. Victime en somme de l'ignorance et de l'indifférence des hommes qui ont eu l'opportunité seulement, et non la compétence de gérer l'un des aspects les plus déterminants de la vie sociale de la cité, à savoir la culture, le théâtre est réduit, hélas, à exister uniquement en tant que bâtisse vétuste sans âme, là où en principe devraient retentir les échos des textes dramaturgiques de Kateb Yacine, Beckett ou encore de Tolstoï. Maintenant que les choses son réduites aux simples jérémiades sur un passé nostalgique qui a nanti la scène culturelle locale de festivités éclectiques, les autorités locales ont décidé de dévier la structure de sa vocation première. « Nous allons récupérer la bâtisse au profit de la municipalité. Elle servira d'extension au siège de l'APC qui connaît un éparpillement de ses services à travers la ville. Nous avons d'ailleurs introduit une demande dans ce sens auprès des services de la wilaya », dira le président de l'APC, M Rekas. Au moment où l'Algérie vient d'organiser l'un des festivals les plus importants de son histoire contemporaine, en l'occurrence le Festival panafricain, compris d'ailleurs comme un signe avant-coureur d'une prise en charge sérieuse du volet culturel, on assiste paradoxalement à des actes de renonciation à la culture au profit d'autres aspects de la gestion des affaires de la cité.