La saison estivale, qui s'annonçait d'ores et déjà des plus mornes, est en passe de tourner en véritable débâcle pour les milliers d'exploitants et autres concessionnaires qui activent sur les nombreuses plages algériennes. La cause en est une énième « maladie » qui sévit, ces derniers jours, dans la région de Boumerdès et qui serait due, selon les premières explications avancées, à une algue toxique. Palm Beach, sur la côte ouest de l'Algérois. En cette journée annoncée comme caniculaire, il n'y a pas foule sur la plage. Quelques familles installées çà et là à des tables aménagées au bord de l'eau, le reste de l'espace étant « désespérément vide », déplore l'un des plagistes. « Nous ne comprenons pas les raisons qui font que depuis quelques jours l'affluence est moindre », s'interroge-t-il. Une baisse du taux de remplissage qui se traduirait, selon lui, par une différence de 30% du nombre de places louées en temps normal. Le propriétaire de ce bout de plage, en entendant les propos de son employé, le contredit tout net, l'envoyant s'occuper de l'installation de nouveaux arrivés, qui ignorent pour la plupart cette menace rapportée par certains titres de la presse. « L'affluence est des plus ordinaires, les estivants arrivent en général en début d'après-midi », assure le « chef », balayant d'un revers de main les vagues de maladies qui ont atteint plusieurs baigneurs durant ces dernières semaines, notamment à Boumerdès et à Aïn Benian. Selon lui, ces épidémies ne sont rien de plus que des inventions colportées par la presse, qui ne se rend pas compte des préjudices causés par de telles affirmations alarmistes. « A chaque saison estivale, nous y avons droit. Conjonctivites, grippes ou algues toxiques, il suffit parfois d'un seul cas isolé pour effrayer des centaines de vacanciers et réduire nos bénéfices », s'emporte-t-il. Rumeurs injustifiées D'autant plus qu'il semblerait que, cet été, ces rumeurs soient totalement injustifiées, « puisque aucun cas de maladie, d'allergie ou autre phénomène, n'a été rapporté », tente-t-il de rassurer, conforté dans ce sens par le responsable de la Protection civile en charge de la surveillance des lieux. « Depuis mon installation au mois de juin, aucun malade n'a été signalé, du moins à notre niveau et dans ce secteur », affirme le maître-nageur. « Effectivement, nous avons eu vent de ce qui a eu lieu dans d'autres stations balnéaires, mais ici, RAS (rien à signaler) », insiste-t-il. Quelques mètres plus loin, l'ambiance est tout aussi morne et les dizaines de baigneurs s'ébrouant dans l'eau d'Azur Plage ne sauraient rendre le sourire aux quatre plagistes assis au milieu de tables inoccupées et de chaises retournées. Les jeunes hommes, un tantinet suspicieux, voire agressifs de prime abord, se radoucissent une fois le motif de cette visite exposé. « C'est mort ! », s'exclame l'un d'eux, levant les bras au ciel et dépité. « Depuis près d'une semaine, le taux de fréquentation ne fait que s'amenuiser. Cette plage est l'une des plus prisées de la région et l'affluence est anormalement basse pour une fin de mois de juillet », lance un autre concessionnaire, contrarié. Comment l'expliquer ? « Il y a cette histoire de maladies qui a commencé à faire des vagues et qui va finir par dissuader les rares estivants de passer leur journée à la plage », avance-t-il. Mais pas seulement. Car, si la peur de ces algues toxiques justifie le ralentissement de l'activité connue ces quelques derniers jours, elle n'explique nullement le peu d'engouement affiché par les Algériens cette année pour les plages et autres criques. L'effet du virus A (H1N1) « C'est tout simplement l'effet grippe porcine », souffle le plagiste avec un haussement d'épaule. « Il ne faut pas s'en étonner. Avec tout le battage médiatique, justifié, auquel nous avons eu droit, les gens sont terrorisés et ont peur d'être contaminés par des personnes qui rentrent de voyage. » Et de mémoire de plagiste, cette saison estivale est tout bonnement l'une des moins rentables. Même les gendarmes en poste sur la promenade qui surplombe la station confirment cet état de fait et semblent étonnés. « Calme… étrangement calme même », affirme l'un d'entre eux en se grattant la tête. Cette situation ne prévaut pas uniquement sur la côte ouest, puisque sur les rives de la ville de Aïn Benian, les baigneurs se font rares aussi. Et pour cause : il a été signalé dans la ville, il y a quelques semaines, des symptômes similaires à ceux présentés par les malades de Boumerdès. Sur le sable de la Madrague, seule une dizaine des parasols plantés sont occupés. Le gérant de la plage avoue ne pas comprendre l'alarmisme des riverains et des médias. « Cela n'a absolument rien à avoir avec des algues toxiques. Ils ont tout simplement dû prendre froid », rassure-t-il, ajoutant qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure. A la question de savoir s'il informait les estivants des risques encourus aussi minimes soient-ils, il rétorquera qu'il ne l'a jamais fait, de peur de faire fuir la clientèle. Il avouera toutefois que depuis quelques semaines, il préfère ne plus autoriser son fils à se baigner où que ce soit.