"Désert" L?engouement pour les plages s?estompe au fil des jours, au gré de cette hantise généralisée, qui laisse ces dernières pour une fois orphelines, malgré la présence remarquée de quelques aventuriers. Des plages fermées, recul sensible de baigneurs, cas de personnes atteintes de curieuses maladies et admises dans les hôpitaux, démenti des services sanitaires? la mer, cette «grande bleue» si généreuse est-elle devenue maudite pour autant ? Depuis l?ouverture de la saison estivale, le 1er juin 2003, il ne se passe pas un jour sans que les unes des journaux soient agrémentées par ces insoutenables «scoops» de mauvais goût, désarçonnant, au passage, des citoyens déjà désemparés par les mille et un tracas de la vie courante, alors qu?ils devaient se passer volontiers de cette énième malédiction que d?autres visiblement moins emportés par cette furia, préfère tempérer les ardeurs et parler ouvertement d?une peur collective imposée «à dessein» comme le laisse croire un récent article du quotidien gouvernemental El Moudjahid. Au séisme, à la peste et aux MTH vient s?ajouter cette «phobie bleue» précocement révélée par ses plages qu?on dit polluées et devenues des tombes à ciel ouvert puisque étant de véritables déversoirs pour tous genres de déchets. De Zemmouri, la martyrisée, à Zéralda, la joviale, en passant par les criques et petites plages réservées au «petit peuple», la peur d?attraper un mal incurable, et donc une mort fatale, a pris le dessus sur l?envie tenace de profiter des interminables vagues berceuses. Mais ce ne sont pas uniquement les citoyens qui en pâtissent. Quand les gens ne viennent pas à la plage munis de leurs maillots de bain, c?est aussi une catastrophe pour les responsables des communes côtières qui n?ont que l?été pour renflouer les caisses et c?est aussi un coup dur et insurmontable pour les vendeurs à tout venant qui veulent venir chaque jour au chevet de leurs familles nombreuses. Ces derniers préfèrent explorer une autre piste pour expliquer le phénomène. Pour eux, un seule phrase revient tel un leitmotiv : «La mafia des plages» ; celle-ci serait, à leurs yeux, derrière cette peur injustifiée et dont le scénario aura été monté de toutes pièces. Face à cette hantise collective, le département de Aberkane, déjà fortement sollicité par les cas de peste survenus à l?ouest du pays, prononce chaque fois des messages rassurants en attendant un feed-back positif de la part des citoyens. Mais entre-temps et en attendant les avis définitifs des experts de la santé publique et le retour en force de ces estivants récalcitrants, les vagues continuent de vaciller entre les assurances des uns et la hantise des autres.