Des dizaines de personnes en attente devant les arrêts de bus du centre-ville et de la cité Ben Boulaïd, d'autres dizaines guettant l'arrivée d'un taxi au centre-ville et de nombreuses grappes humaines tout au long des rues avoisinant les points d'arrêt…avec l'espoir d'accrocher un transport un peu à l'écart de la grande ruée. En fin de journée à Arzew, il faut faire preuve de patience, de ruse, d'agressivité et, presque involontairement, d'incivilité pour espérer rentrer chez soi en empruntant un des moyens de transport urbains (autobus, taxis et même « clan ») qui assurent la liaison du centre-ville vers les cités Zabana, Emir Abdelkader et Khélifa Ben Mahmoud. La colère, les prises de bec et les propos des passagers abandonnés ainsi à leur sort sont tout simplement inénarrables. Un calvaire quotidien malgré les 2 lignes (centre-ville-Zabana, centre-ville-Emir Abdelkader) assurées par autobus, plus d'une centaine de taxis et une multitude de transporteurs clandestins. Que se passe-t-il au fait ? De nombreux chauffeurs de taxi, non résidant, quittent la ville en fin d'après-midi diminuant ainsi la prestation. C'est l'anarchie ! Beaucoup parmi ceux qui restent préfèrent « se garer » à ce moment de la journée par crainte pour leur véhicule et pour éviter les conflits avec des passagers. « Dès que je m'approche de l'arrêt, ils s'accrochent au véhicule et malmènent les portières. En plus, des fois je me retrouve avec deux passagers allant chacun vers une destination différente et aucun des deux ne veut descendre. C'est l'anarchie ! » se justifient plusieurs chauffeurs de taxi. « Oui, je sais qu'il y a beaucoup de travail et de l'argent à gagner mais il y a aussi beaucoup de risques et je préfère m'arrêter », expliquent certains. « Les usagers boudent, en fin de journée, la station de taxis devant l'esplanade et viennent s'agglutiner dans cette rue (rue des Martyrs) où même le stationnement n'est pas respecté, ce qui complique encore plus notre travail », ajoutent d'autres. D'un autre côté, le transport par autobus est loin de répondre aux besoins. Le parcours, les longues attentes suivies de longues haltes à certains arrêts pour faire « le plein » de passagers ont fait que ce type de transport lancé, il y a quelques années, n'est jamais parvenu à fidéliser la clientèle et, encore moins, à répondre à la forte demande. Le nombre de bus prévus (16) par l'étude pour desservir 4 lignes intra-muros (2 pour la cité Emir Abdelkader dont une par La Guetna, 1 pour Zabana et 1 pour Ben Boulaïd) et 2 autres reliant les localités El Mohgoun et Cap Carbon n'a jamais été atteint. Mis en service avec 5 ou 6 véhicules pour être renforcé au fur et à mesure, le transport urbain « moderne » tel que préconisé par ses initiateurs (APC –direction des transports de la wilaya d'Oran), n'est plus qu'une parodie à 3 ou 4 bus. Et dire que son lancement à Arzew devait servir d'opération pilote. Les autorités locales se sont-elles de nouveau penchées sur le sujet ? « Quand va-t-on trouver une solution définitive à ce problème ? » ne cessent de se demander les usagers aux nerfs mis quotidiennement à rude épreuve.