C'est un véritable défi que lance l'Etat hébreu à la communauté internationale dans « l'affaire » des colonies. Fidèles à leur logique qui consiste à ne pas prêter attention aux critiques émanant de leurs alliés occidentaux, les dirigeants israéliens repartent à l'attaque et promettent de ne pas baisser les bras. Ils ont publiquement rejeté, hier, les appels des Etats-Unis, de la France, de l'Union européenne et de la Russie à geler la colonisation à Jérusalem-Est. « Israël agit et agira en fonction de ses intérêts nationaux et en particulier, pour tout ce qui touche à Jérusalem », a affirmé hier le vice-ministre des Affaires étrangères, Dany Ayalon, dans un communiqué. « Nos droits sur Jérusalem, y compris sur son développement, ne peuvent pas être contestés », a-t-il poursuivi. Le ministre de l'Intérieur et vice-Premier ministre, Elie Yishaï, a pour sa part proclamé qu'Israël n'était « pas la filiale d'un autre pays dans le monde. Le gouvernement et l'Etat d'Israël ont le droit de construire partout en Israël lorsque de tels projets ont obtenu toutes les autorisations légales ». Ces deux responsables faisaient allusion aux critiques émises dans le monde contre l'annonce, dimanche, d'un projet de construction d'une vingtaine de logements dans un quartier de Jérusalem-Est. Pour l'instant les pays occidentaux, notamment la France et les Etats-Unis, si prompts à brandir les sanctions quand il s'agit de punir un pays arabe ou musulman, voire asiatique, se contentent « d'appeler » ou « d'exhorter ». Il faut croire que les dirigeants de l'Etat hébreu ont parfaitement appris cette « chanson » jouée à tous les tons et depuis tout le temps… Tel-Aviv ou l'assurance tous risques Les cinq membres du Conseil de sécurité ne sont jamais arrivés à « pondre » ne serait-ce qu'une résolution contraignante contre Israël, alors qu'ils ont épuisé le « stock » de discours menaçants à l'égard de l'Iran. Les responsables de l'Etat hébreu déclarent publiquement leur rejet des « sympathiques » appels de leurs alliés occidentaux à geler la colonisation à El Qods sans que le Conseil de sécurité ne convoque une réunion d'urgence pour examiner un cas de flagrant délit d'atteinte à la légalité internationale. Mais en réalité, Tel-Aviv sait qu'elle dispose d'une assurance tous risques de la part de la France, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis au moins. Les quelques effets de manche de Sarkozy et d'Obama sont tout juste destinés à sauver les apparences face à la communauté internationale ébahie par tant d'injustice. Tout le monde a vu comment les puissants ont réagi à la détention des employés de l'ambassade britannique à Téhéran au point d'en faire un événement mondial. Il s'en est fallu de peu qu'une attaque militaire contre l'Iran ne soit envisagée. Mais quand il s'agit d'Israël, la diplomatie – voire l'impunité – reprend ipso facto le dessus. Il n'est pas question de verbaliser Israël, quel que soit le nombre de Palestiniens tués ou de propriétés spoliées. Souvent, le lexique faussement comminatoire des responsables occidentaux trahit une simple volonté de ne pas sacrifier les principes de droit auxquels ils sont censés souscrire. C'est ainsi que la Russie a appelé Israël à mettre fin « immédiatement » à toute construction de colonies juives sur les territoires palestiniens, par la voix de son vice-ministre des Affaires étrangères, envoyé du président russe pour le Proche-Orient, Alexandre Saltanov. Ce dernier a utilement fait référence à la « feuille de route » qui exclut toute colonisation. Or cette feuille est devenue une feuille de vigne…