Avec 27 km2 de superficie et près de 200 000 habitants, la commune de Bordj El Kiffan est la plus grande commune de la capitale, elle est aussi classée deuxième au niveau national après celle de Sétif. Il fut un temps, pas très lointain, où la commune de Bordj El Kiffan comptait seulement quelques milliers d'habitants, du fait de sa vocation essentiellement agricole. Depuis une quinzaine d'années, la commune connaît une démographie galopante, qui se traduit sur le terrain par une extension urbaine des plus effrénées qui soit, mais sans que cette mutation ne soit suivie parallèlement par une planification urbaine devant pallier le problème de l'anarchie qui se pose actuellement avec acuité. «L'extension urbaine représente aujourd'hui 30 nouveaux lotissements, qui n'existaient pas par le passé», assure M. Aoumeur, délégué spécial du P/APC. Ces nouveaux lotissements se trouvent majoritairement du côté est de la commune : il s'agit du tentaculaire lotissement du Ressauta, de tout le flanc nord de la commune qui s'étend de la Verte Rive jusqu'à Oued El Hamiz, en passant par Bateau cassé, la cité Faïzi ou encore le lotissement Eddoum. Du côté sud, ce sont les lotissements de Benzerga, de Harraga ou encore la gigantesque cité de Dergana qui donnent l'image d'une véritable forêt d'immeubles, d'où les exigences de décentralisation des différents services, tels que l'état civil et les services des contributions. Par ailleurs, la commune de Bordj El Kiffan connaît l'une des extensions les plus démesurées en matière d'habitat précaire. «Les services de l'APC ont recensé 2800 baraques», affirme notre interlocuteur. La plus grande partie de ces sites de bidonvilles se trouve en jonction avec la commune de Dar El Beïda, où des milliers de baraques sont érigées dangereusement sur les rives de Oued El Hamiz. Sur le même axe également, ce sont des centaines d'autres baraques construites à même le lit de l'oued, sur une distance de près de 3 km. Le site prend naissance à partir du lieudit Douar Ben Ziane, au sud, pour aboutir à la cité Faïzi au nord. Outre ces deux bidonvilles imposants, la commune connaît l'un des phénomènes les plus singuliers en matière d'habitat précaire, puisque des indus occupants se sont installés au sein-même d'un bois faisant partie du patrimoine forestier de la capitale ; il s'agit, en l'occurrence, de la forêt de Ben M'red. Derrière celle-ci, s'étendent également et à perte de vue des centaines de baraques situées à la limite entre le lotissement Rassauta et le quartier Ben M'red. Plus inquiétant encore, les dizaines d'habitations de fortune érigées carrément sur le rivage à Bateau cassé sur le flanc ouest de la plage. S'il est acceptable de tolérer l'existence de bidonvilles sur le territoire de la commune, il n'est nullement tolérable que des baraques soient installées sur le sable d'une plage, dont l'environnement se retrouve fragilisé.