Le coup de force, intervenu dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest considéré comme une plaque tournante du trafic de cocaïne, avait été immédiatement condamné par la communauté internationale. Une réunion d'urgence s'est tenue hier entre le président de Guinée-Bissau Malam Bacai Sanha et son Premier ministre Carlos Gomes Junior, arrêté la veille lors d'un coup de force de militaires, pour tenter de trouver une issue politique à la crise. Ce coup de force, intervenu dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest considéré comme une plaque tournante du trafic de cocaïne, avait été immédiatement condamné par la communauté internationale. Hier, un «collectif» des membres du gouvernement de Guinée-Bissau a condamné à son tour «l'utilisation de la force comme moyen de résoudre les problèmes», exprimant dans un communiqué son soutien au Premier ministre. Peu après la publication de ce texte, le procureur général de Bissau Amine Michel Saad est venu chercher le chef du gouvernement à son domicile, où il a été placé jeudi en résidence surveillée, pour l'accompagner sous escorte militaire jusqu'à la présidence, a rapporté un témoin. Le chef d'état-major de l'armée de Guinée-Bissau, le général José Zamora Induta, était pour sa part toujours détenu hier dans une base aérienne près de l'aéroport international. Son adjoint, le général Antonio Indjai, a pris la direction des forces armées dans ce qui apparaît comme un «putsch» interne à l'armée, institution toute puissante dans ce pays régulièrement secoué par les crises et assassinats politico-militaires. Ex-colonie portugaise, la Guinée Bissau est classée parmi les pays les plus pauvres du monde. Elle est considérée comme un lieu stratégique pour le trafic de cocaïne en provenance d'Amérique du Sud en transit avant d'être acheminée vers les marchés européens. Le nouvel homme fort du pays a assuré jeudi soir que le coup de force représentait «un problème purement militaire» et que l'armée réitérait «son attachement et sa soumission au pouvoir politique». A ses côtés, lors d'une conférence de presse, un autre officier a fait son retour sur le devant de la scène: le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchute, accusé de tentative de coup d'Etat en août 2008. Celui-ci s'était réfugié en Gambie avant de revenir clandestinement en pirogue à Bissau, en décembre, et de trouver refuge dans les locaux de l'ONU qu'il a quittés jeudi à la mi-journée pour rejoindre les mutins. Le président Malam Bacai Sanha, 62 ans, semble pour sa part n'avoir jamais été inquiété par les mutins. Il avait été largement et démocratiquement élu, avec plus de 63% des suffrages, au deuxième tour de la présidentielle en juillet 2009, près de cinq mois après l'assassinat par des militaires du président Joao Bernardo Vieira. Cet assassinat avait été précédé de peu, d'un attentat ayant coûté la vie au chef d'état-major des armées de l'époque.