Accablé par la canicule, balayé par des incendies ravageurs, distrait, un moment, par le rythme des festivals, le pays finit par se retrouver dans un face-à-face brutal avec l'hydre terroriste, l'islamisme armé, le mal absolu. Les nouvelles du front, entre coups durs essuyés par la nébuleuse islamiste et pertes subies par les services de sécurité, nourrissent régulièrement la chronique nationale et montrent que la lutte antiterroriste reste au même niveau d'intensité. Un groupe armé vient d'être anéanti par les services de sécurité près de Tizi Ouzou, dans une localité où les entrepreneurs sont quasiment interdits de séjour en raison de la menace permanente d'enlèvement. L'élimination de cinq terroristes dans la même opération renseigne sur l'état du maquis islamiste et sur l'importance des groupes armés qui y circulent. La guerre contre le terrorisme n'est pas encore finie, en dépit des processus successifs de réconciliation ou de paix décrétée de façon unilatérale par des autorités politiques dont les louvoiements face aux islamistes ont beaucoup coûté au pays. Le forcing maintenu par les services de sécurité contre la subversion intégriste étonnerait presque dans un contexte de relâchement et d'abdication où les ex-émirs prennent la parole et où les patriotes sont marginalisés, vilipendés, parfois condamnés. Les succès remportés dans la lutte antiterroriste rassurent une population meurtrie par plus d'une décennie de diktat sanglant des islamistes et donne des motifs d'espoir aux acteurs économiques qui ne veulent pas déserter complètement leur région ou leur pays. Cependant, cette efficacité militaire est souvent contrebalancée par des nouvelles qui dénotent une vigueur politique et sociale de la mouvance islamiste. La guerre politique est en train d'être perdue au moment où le dispositif sécuritaire marque des points décisifs sur le terrain militaire. Pourchassés dans les maquis, parfois décimés, les islamistes reviennent sous d'autres formes dans des endroits aussi inattendus que les mosquées, lorsque l'on sait que les autorités ont proclamé depuis longtemps avoir le contrôle des lieux du culte et des prêches. Le moyen d'expression est bien entendu différent, vu qu'il n'y a ni poudre ni sabre, mais le soubassement reste le même : l'intégrisme. L'ex-FIS, avant et après son officialisation, avait voulu vider les plages pour y installer des camps d'entraînement de ses organisations paramilitaires. Près de vingt ans plus tard, il se trouve encore des imams qui déconseillent aux fidèles de se rendre sur les plages. Il y manque la force de la mitraillette, mais cela participe du même projet d'instauration de l'ordre théocratique et totalitaire. Lorsque l'Algérie aura engagé la guerre contre l'islamisme sur les deux fronts, militaire et politique, la perspective d'une victoire de la démocratie sera enfin possible.