Des milliers de citoyens à travers le pays réclament régulièrement la restitution de leurs fusils de chasse confisqués par l'Etat au début des années du terrorisme islamiste. Une quête légitime, appuyée par des parlementaires, mais sans connaître un début de solution. Les autorités peinent à donner une réponse claire à cette demande, s'enfonçant dans des contradictions au sujet du rétablissement de la sécurité dans le pays. La « saisie » des fusils de chasse détenus par les citoyens a été opérée par les pouvoirs publics à un moment où le pays était brutalement plongé dans la terreur de l'islamisme armé. La République avait véritablement vacillé et les sympathisants du parti dissous versaient en masse dans la subversion armée. Les premiers groupes terroristes, faiblement armés, mais extrêmement nombreux, avançaient tel un rouleau compresseur, prenant possession de localités entières, dans un pays rendu groggy par l'enchaînement infernal des événements politiques. L'aile armée du parti dissous, activant au grand jour, faisait « tomber » les villages les uns après les autres, ramassant méthodiquement et sans aucune difficulté les armes détenues par les citoyens. L'intervention de l'Etat pour arrêter ce mouvement d'armement du maquis islamiste avait été comprise et acceptée par la population. Les citoyens en possession d'armes de chasse se sont tous résolus à les remettre aux services de sécurité. Parallèlement à cette opération de retrait des armes du « champ civil » menée par l'Etat, la société a également réagi face à l'hydre terroriste. En juillet 1994, les villageois d'Igoudal, à Azeffoun, au nord de Tizi Ouzou, signaient le premier acte de résistance contre le terrorisme islamiste. Le groupe armé, ayant tenté d'investir ce village, a été repoussé dans une véritable opération militaire encadrée par des anciens moudjahidine de la guerre de Libération nationale. Le mouvement de résistance populaire prit alors naissance et se répandit à travers le pays. Un sursaut citoyen qui a constitué un tournant décisif dans la lutte antiterroriste. Aujourd'hui, seize années plus tard, les institutions de la République sont sauves, mais le terrorisme continue d'écumer certains foyers, notamment en Kabylie. Les déclarations des autorités à propos du retour à la paix sont immanquablement démenties par des actions d'éclat perpétrées par les héritiers de l'ancienne AIS. A travers le pays, les citoyens réclamant la restitution de leurs fusils de chasse invoquent souvent le souci de préserver leurs champs et vergers des animaux nuisibles. A Tizi Ouzou, la préoccupation n'a pas changé depuis les années 1990. L'heure est encore à la résistance contre le terrorisme.