Le président Mahmoud Ahmadinejad a appelé hier à libérer d'ici le 7 août les protestataires contre sa réélection sur lesquels ne pèsent pas de graves accusations, après l'élargissement de 140 détenus, des gestes destinés à apaiser les fortes tensions en Iran. Mais dans le même temps, les autorités ont refusé d'autoriser l'opposition à organiser une cérémonie de deuil à la mémoire des personnes tuées dans les violences post-électorales qui ont fait 30 morts, selon le député Farhad Tajari. S'exprimant pour la première fois sur les arrestations des protestataires contre sa victoire électorale le 12 juin, M. Ahmadinejad a demandé dans une lettre au chef du pouvoir judiciaire Mahmoud Hachémi Chahroudi de libérer d'ici le 7 août les manifestants qui ne font pas l'objet de graves accusations. « Dans la mesure où un temps considérable s'est écoulé depuis leur arrestation, nous nous attendons à ce que la situation de tous les accusés soit examinée rapidement », a écrit le président, selon la télévision d'Etat. Il demande à l'ayatollah Chahroudi « de faire preuve de maximum de compassion au nom de l'Islam à l'égard de ceux parmi nos concitoyens qui se sont retrouvés inconsciemment sur cette voie (les protestations) et de les libérer pour rendre heureuses leurs familles à l'occasion de l'anniversaire de la naissance de l'imam Mahdi » qui tombe le 7 août. M. Ahmadinejad a aussi accusé « des groupes politiques intérieurs » d'avoir incité à ces manifestations de protestation populaire sans précédent depuis la révolution islamique en 1979, « avec le soutien et la propagande des ennemis étrangers ». Son appel est survenu après l'annonce de la libération de 140 manifestants et l'ordre donné par le guide suprême Ali Khamenei de fermer « un centre de détention qui ne respecte pas les normes nécessaires au respect des droits des (manifestants) accusés ». « Nous avons eu une réunion avec le procureur de Téhéran Saïd Mortazavi et 140 personnes arrêtées lors des récents événements ont été libérées », a déclaré Kazem Jalali, membre d'une commission parlementaire, qui s'est rendu à la prison d'Evine à Téhéran, selon l'agence Isna. Environ 200 personnes restent en détention. Jeudi jour de doute Les autorités avaient fait état de 1000 à 2000 arrestations. L'opposition n'a pour sa part pas obtenu la permission d'organiser demain une cérémonie à Téhéran à la mémoire des victimes des manifestations. « Aucune autorisation n'a été donnée à ces groupes et les personnes, qui enfreignent la loi, ne reconnaissent pas leur défaite et n'acceptent pas le vote de la majorité, mais qui n'en sollicitent pas moins une autorisation de rassemblement », a déclaré le directeur politique du ministère de l'Intérieur, Mahmoud Abbaszadeh Meshkini. Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, deux candidats malheureux, qui ont rejeté les résultats de la présidentielle en parlant de fraude, avaient indiqué que cette cérémonie marquerait « le 40e jour des événements tristes qui ont vu nombre de nos compatriotes perdre la vie ». Ils ne prévoyaient aucun discours, mais l'écoute silencieuse de versets du Coran, selon la demande d'autorisation. Mais ce refus sec opposé par le régime au camp Moussavi d'organiser cette cérémonie rend la journée de demain ouverte à toutes les éventualités. Parallèlement, le Parlement dominé par les conservateurs a déposé en urgence une proposition de loi sur la transformation de quatre vice-présidences en ministères, de crainte d'une concentration du pouvoir aux mains de M. Ahmadinejad, lui-même un ultraconservateur. Les ministres doivent obtenir la confiance des députés, contrairement aux vice-présidents. Le texte est consécutif au tollé provoqué dans le camp conservateur par la nomination par M. Ahmadinejad d'Esfandiar Rahim Mashaie Premier vice-président. Le président a été contraint de le démettre sur ordre de M. Khamenei.