Une grève générale a été observée hier à Ouacifs, dans la wilaya de Tizi Ouzou, au lendemain de la tentative de kidnapping d'un entrepreneur de la localité. Tous les commerçants de la ville ont baissé rideau en signe de protestation contre la dégradation de la situation sécuritaire et de solidarité avec l'entrepreneur qui a échappé, dans la nuit de lundi à mardi derniers, à un faux barrage tendu par un groupe terroriste. Un important rassemblement s'est tenu devant le siège de la daïra de Ouacifs, une action destinée à dénoncer « le laxisme des autorités civiles et militaires devant la multiplication des actes de racket et des enlèvements » qui frappent prioritairement les commerçants et les entrepreneurs de la région. Au moins cinq kidnappings ont été enregistrés dans cette localité, située à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou. L'homme qui a échappé à la tentative de rapt, avant-hier, a eu le ressort psychologique de forcer le faux-barrage des terroristes pour la simple raison que son propre frère avait été enlevé dans les mêmes conditions en juin 2008, avant d'être libéré après paiement d'une forte rançon. La vigilance et la résistance gagnent les cibles potentielles des groupes de ravisseurs, tandis qu'un mouvement de colère et d'indignation mobilise la population de la région. L'impunité dans laquelle se déroulent les kidnappings et les paiements de rançons qui enrichissent le maquis terroriste et ruinent les entrepreneurs finit par pousser à la révolte une population non disposée à assister passivement à la destruction systématique de la vie économique dans la région. C'est la deuxième fois que l'on assiste à une manifestation publique et massive de condamnation et de colère à la suite d'une sortie des kidnappeurs, qui sont en train de construire un véritable business dans cette facile entreprise de ramassage des fonds. Début de juin dernier, c'est la population de Boghni, à une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, qui avait tenu de nombreux rassemblements à la suite de l'enlèvement d'un jeune homme de 21 ans, fils d'un commerçant. Les manifestations de solidarité avec la famille de la victime avaient eu lieu au village d'Aït Ali et sur la place du chef-lieu de la daïra de Boghni. La population montrait son exaspération devant la série des kidnappings qui ont frappé cette localité, où 7 rapts ont été enregistrés. En dépit de cette mobilisation qui était restée pacifique, les ravisseurs avaient retenu leur otage pendant une dizaine de jours, mais en lâchant du lest puisqu'ils s'étaient contentés d'une centaine de millions de centimes alors qu'ils avaient réclamé au départ une rançon de 850 millions. Un marché intolérable sur la vie des citoyens qui se déroule dans des localités où la sécurité est réduite quasiment à son niveau zéro. La population réclame que soit mis fin à cette spirale infernale des enlèvements qui a touché, en deux ans, une quarantaine d'entrepreneurs et de commerçants. Les citoyens ont massivement manifesté, pour la deuxième fois en deux mois, en se solidarisant avec les victimes et en mettant les autorités devant leurs responsabilités face à des terroristes qui sont en train de bâtir leurs fortunes de futurs repentis. Le mouvement de colère ira sans doute en s'accentuant si les exactions des terroristes ne sont pas enrayées, et l'on ignore si ces réactions des citoyens seront limitées à des rassemblements de dénonciation.