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A la frontière du chaos, la paix résiste
Publié dans El Watan le 24 - 09 - 2010


Somaliland. Félix Rosen

En entrant au Somaliland, par la dernière grande ville éthiopienne de Jigjiga, il est étonnant d'apercevoir cette carte de l'Afrique, fixée au-dessus du bureau du poste-frontière de l'officier, où le Somaliland écrit au gros feutre remplace la Somalie. Le message est clair, nous sommes en territoire somalilandais. A Wajaale, après la frontière éthiopienne, le seul moyen de rejoindre Hargeisa, capitale du Somaliland, est de prendre place dans une de ces voitures collectives. Après un pneu crevé, changé en moins de cinq minutes par notre chauffeur, six check- points où s'échangent quelques billets avec les officiers, me voici à Hargeisa, un vendredi, jour de prière. La moitié de la ville prie alors dans les rues, aménagées en annexes directes des mosquées.
La seule rue goudronnée, bien qu'en mauvais état, constitue l'artère principale de la ville. A l'inverse de l'Ethiopie voisine, il n'y a pratiquement pas de sans abri, et les gens s'arrêtent volontiers en chemin pour venir me saluer, discuter et me poser des questions. Ce qui transforme une sortie banale en véritable expérience socialisante qui implique sourire, échange de poignées et courtes discussions. Ce qui ne manque pas de bousculer tout voyageur, c'est la dévaluation de la monnaie. Un dollar équivaut à environ 6500 shillings somalilandais. Parce qu'on obtient tellement de shillings pour un dollar, parce que le plus gros billet somalilandais est de 500 shillings, tout bon Somalilandais transporte de grosses liasses de billets. Beaucoup font de l'échange de devises un petit business, assis dans la rue avec d'énormes piles de shillings, sans aucun souci de sécurité.
Paix et démocratie
Saïd, mon chauffeur, aspire à une reconnaissance internationale du territoire, qui pourrait fournir la base de la fin de la guerre en Somalie et développer le pays dans un ensemble pacifié. Il poursuit de manière critique en dénonçant l'intervention américaine Restore Hope de 1993, qui devait assurer une livraison équitable de l'aide humanitaire. «L'intervention américaine en Somalie a été désastreuse.» Cette intervention militaire, même pour des raisons militaires, aura eu des conséquences indéniables. D'après Saïd, «les Shebab sont une création américaine, faite en réponse à la pression sur l'Ethiopie pour qu'elle envahisse la Somalie. En définitive, la présence américaine dans la corne de l'Afrique, dans sa stratégie de guerre contre la terreur, a fini par créer plus de problèmes qu'elle comptait en régler».
Lorsqu'il évoque le Gouvernement national de transition (GNT), reconnu par la communauté internationale en tant que gouvernement somalien, Saïd s'interroge : «Comment le GNT peut-il gouverner le Somaliland, qui, lui, possède un vrai gouvernement ? Le Somaliland est un pays qui a accompli tout ce que les pays occidentaux peuvent rêver d'un pays dévasté par la guerre : paix, sécularisme et démocratie. Credo auquel le Somaliland reste fermement attaché. Nous n'avons aucun mouvement fondamentaliste, poursuit-il. Refuser d'admettre cela ne va pas seulement à l'encontre de la paix globale, mais donne aussi aux Somalilandais des raisons de douter du soutien que les pays occidentaux disent apporter. Cette paix, cette démocratie et ce sécularisme ne tiendront jamais. Tout cela ne survivra pas si personne ne nous écoute…»
Dut qat d'Ethiopie
Le marché de Hargeisa est un des endroits les plus intéressants, où chèvres, dromadaires et quelques vaches se côtoient pour trouver acheteur. Un bon dromadaire se vend 600 dollars, mais coûte deux fois plus cher sur le marché international. Ces animaux sont envoyés à Berbera pour être exportés. Ce commerce est l'unique source substantielle des revenus domestiques. Le ministère des Finances estime que 80% des revenus du pays sont assurés par des transferts d'argent de Somalilandais établis à l'étranger. Ce qui est très surprenant. D'ailleurs, l'élite somalilandaise, celle des affaires et du gouvernement, est largement composée de ces Somalilandais qui décident de revenir. Il est impressionnant de voir le nombre de commerçants à Hargeisa. La majorité importe des biens, du qat d'éthiopie, des vêtements de seconde main d'Inde, des voitures japonaises de Dubaï ou des biens manufacturés en provenance de Nairobi, au Kenya voisin.
Chèvres contre pétrole
La route qui relie Hargeisa à Berbera puis Burao et continue jusque Mogadishu est l'unique route goudronnée du Somaliland, bien qu'elle date… de la période coloniale ! Le long de cette route est encore jonchée de reliques des anciens conflits : tanks somaliens et véhicules militaires calcinés. Berbera, légendaire port de la corne de l'Afrique, est la principale source de revenus du Somaliland, où sont exportés bétail et marchandises en provenance d'Ethiopie. Les navires remplis de dromadaires, chèvres et autres bestiaux vont vers Aden, Moka ou Jeddah. L'attaque en 2003 d'étrangers par un groupe armé, qui a causé la mort d'un aide de camp kényan qui accompagnait un Allemand, a poussé le gouvernement à mettre en place une unité de police spéciale qui accompagne chaque étranger en dehors de Hargeisa. Tout cela pour préserver la réputation du Somaliland qui se targue d'être un pays en paix.
Dans le port de Maid, en Somaliland, les cargos yéménites viennent acheter du bétail, principalement des chèvres, et en échange déchargent leurs barils de pétrole. Jetés à l'eau, ils sont alors attachés ensemble et remorqués jusqu'à la côte. Je reprends la route pour Djibouti, en laissant derrière moi un pays très attachant. Comme me l'on souvent répété mes interlocuteurs : «Le Somaliland est votre pays.» Parfois, ils mentionnent fièrement que l'humanité est née dans la corne de l'Afrique. Lucy, la célèbre Australopithecus afarensis, a été trouvée en Ethiopie, près de la frontière somalilandaise, soulignent-ils souvent. Ce qui fait pour eux, une évidence, que tout le monde est chez soi ici.


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