L'Ahaggar d'Or de la troisième édition du Festival du film arabe (FIFAO3) a été décerné à Khalfat Fawzia de l'Egyptien Magdi Ahmed Ali et dont l'interprète du rôle principal, Ilham Chahine, a également été gratifiée du prix du meilleur rôle féminin. L'annonce a été faite lors de la clôture, organisée jeudi soir au théâtre de verdure Chakroun Hasni, en présence d'un renfort d'artistes algériens, à l'image de Farida Saboundji. Le jury présidé par le réalisateur palestinien Rachid Mechahrawi a distingué une œuvre touchante, dédiée aux oubliés de la politique de « développement économique » à l'égyptienne mais avec, en trame de fond, un certain militantisme contre les archaïsmes enfantés, de manière générale, par les dictatures du monde arabo-musulman. Casanegra du Marocain Noredine Lakhmari, le dernier film en compétition à avoir été projeté, mercredi, juste après Doukane Chehata de l'Egyptien Khaled Yousfi, a décroché le prix de la meilleure réalisation. Comme son titre l'indique, Casanegra (par opposition à Casablanca), représente sans doute la face cachée des images d'Epinal véhiculées par les brochures destinées aux touristes, c'est-à-dire les grands palaces, les sites éclatants de blancheur des médinas antiques, etc. mais aussi un peuple docile et bienveillant. Le fait de tenir compte du contexte d'une monarchie qui tire ses plus gros revenus de l'industrie du tourisme contribue à donner plus de sens à la noirceur, à la limite caricaturale, qui caractérise cette œuvre. Aux images hideuses de la violence urbaine ou conjugale, à celle des bas-fonds de la ville, son peuple misérable, ses SDF et ses ordures, s'ajoute un langage cru (injures comprises) choquant pour le spectateur habitué aux œuvres sentimentales à l'égyptienne. Le réalisateur montre tout ce que l'industrie du tourisme veut cacher, y compris la dure réalité des ouvriers. « Ton père touchait la même paye et ne se plaignait jamais, au contraire, il ne s'absentait jamais », dit un patron à un jeune ouvrier qui se désole de la situation de son géniteur après 30 ans de loyaux services. Dans son discours, le président du jury a souhaité la poursuite de l'élan de créativité. Il s'est félicité de la diversité des expériences cinématographiques qui ont traité des questions de l'heure mais aussi d'avenir et a souligné l'intérêt de la présence des deux générations de cinéastes et d'artistes. Entre les questions sociopolitiques et les considérations liées au divertissement ou à l'esthétique, la frontière n'est jamais très bien tracée, mais on peut dire que ces deux thèmes sont représentés à parts égales dans ce festival qui tient également compte du court métrage. La présidente du jury de cette catégorie, la Libanaise, Claudia Marshleyan, a d'abord souligné la présence en force de la jeune expérience cinématographique des pays du Golfe avant de présenter une véritable « plateforme de revendications » comprenant la nécessité de bénéficier des mêmes conditions de projection afin d'attirer plus de spectateurs et d'instituer plus de prix pour encourager les créateurs. L'Ahaggar d'Or du court métrage a été décerné à l'Algérienne Sabrina Draoui pour son film Goulili qui personnifie le dilemme vécu par une femme de 27 ans, un « combat douteux » avec elle-même, tiraillée entre les scrupules d'ordre religieux et une volonté de vivre. « C'est ma première expérience, je n'ai pas fait d'études dans le domaine et ce film a été tourné avec la caméra professionnelle la moins chère sur le marché. Il ne m'a pas été facile de convaincre l'équipe qui m'a permis de le réaliser mais, grâce à ce prix, chacun d'eux va enfin être payé », a déclaré la réalisatrice émue. Palmarès Longs-métrages - Ahaggar d'Or : Khalfat Fawzia (Egypte) réalisé par Magdi Ahmed Ali Prix spécial du jury : Le Sel de la mer (Palestine) réalisé par Annemmarie Jacir Meilleure réalisation : Casanegra (Maroc) réalisé par Noredine LAkhmari Meilleure actrice : Ilham Chahine (Egypte) dans Khaltat Fawzia Meilleur acteur : Hassan Kechache (Algérie) dans Mustapha Benboulaïd Meilleur scénario : Abdelatif Abdelhamid (Syrie) pour Jours de tracas Mention spéciale : Cinecitta (Tunisie) de Brahim Letaief Palmarès courts-métrages - Ahaggar d'Or : Goulili (Algérie) de Sabrina Draoui Mention spéciale : Vinyle (Liban) de Ziad Chahoud Prix spécial du jury : Saât asari (Egypte) de Cherif El Bendari