Au petit matin sur la plage de Sidi Krafess, à l'ouest du pays, là où le dernier phare ne fonctionne plus, un étrange cube métallique, qui ressemble à un container, a été retrouvé sur le sable fin, échoué. C'est bien la mer qui l'a déposé, mais qu'est-ce que c'est ? Un container ? Ça y ressemble. Et c'est Jalil, le jeune plagiste bronzé à l'huile de synthèse et propriétaire de la concession, qui l'a trouvé le premier, en installant ses parasols Rouiba au matin pour une nouvelle journée lucrative de mer. D'autres disent que c'est le vieux Rezki, pêcheur du coin, qui l'a trouvé en sortant sa barque trouée avant l'aube. Mais les mêmes autres disent que le vieux Rezki n'a plus sa tête et raconte n'importe quoi à force de faire semblant de pêcher des poissons impossibles, introuvables et hors de prix. Ce n'est pas le plus important, ce cube, qui ressemble comme deux gouttes d'eau de mer à un container, est sûrement un container. Sauf qu'il est trop court, explique Jalil à Tchachali, le gérant et unique employé de l'infâme et unique gargote de la plage, qui vend des paninis avariés au prix de l'uranium enrichi. Court et cubique, poursuit ce dernier, tout en surveillant sa boutique de loin. Pas très normal. Mais gros, trapu, rouge et métallique. Et surtout, sans ouverture. Un container sans ouverture ? Ça n'a pas de sens, renchérit Jalil en tapant sur la paroi du cube qui lui répond par un bruit sourd et dense. Comment décharger la marchandise ? C'est que ce n'est pas un container, explique le père Bentob, qui observe depuis son arrivée ce cube métallique échoué tel un cachalot. Comme chaque été, les époux Bentob et leurs 5 enfants sont là. Signe particulier : émigrés. Tout le bonheur de Jalil, qui tente quotidiennement de les saigner, sans succès. Qu'est-ce que c'est alors El Hadj ? Je ne sais pas, mais j'ai entendu quelqu'un tousser à l'intérieur. A suivre...