Quelque 150 pères de familles attributaires, depuis 1983 à 89 pour certains, de lots de terrain à bâtir au lotissement "Salhi Extension" (sortie-est de la ville de Tizi Ouzou), subissent, depuis deux décennies, les retombées de la non viabilisation de leur lotissement. Cette viabilisation leur aurait permis de lancer la construction de toits pour leurs enfants, aujourd'hui en âge de fonder, logiquement, des foyers. Devant cette situation, ils se démènent d'un bureau de l'administration à un autre (wilaya, daïra, agence foncière, APC, DUC…) sollicitant l'ouverture de pistes d'accès à même de leur permettre d'opérer les bornages et délimitations de leurs lots pour lesquels ils détiennent des permis de lotir depuis 1996 pour certains et sans le moindre litige, écrivent-ils aux services administratifs de la wilaya. La plupart des bénéficiaires de ces parcelles, payées depuis 22 ans, précisent-ils dans une lettre adressée en mai 2010 à l'administration de la wilaya, paient encore des impôts régulièrement, pendant qu'ils avancent en âge et appréhendent d'éventuelle fatalité de «laisser leurs enfants-hommes non mariés, sans toit, avec tout ce qui s'en suivrait devant une telle situation, proie à tout basculement, faute de la bureaucratie administrative». «Quand j'ai bénéficié de ce lot, j'avais 50 ans. Aujourd'hui, j'en ai 72. Etant grand-père, je n'ai rien à vous dire de l'âge de mes enfants, ni de ce que je pourrais attendre, tant que cette situation n'est pas clarifiée…», déplore encore Aâmi Moh, un des concernés bénéficiaires. Selon nos interlocuteurs, le blocage vient de la mésentente ou manque d'harmonie entre l'APC de Tizi Ouzou, la DUC (direction de l'urbanisme et de la construction) et l'Agence foncière. Cette dernière, d'après les bénéficiaires, reconnait sa responsabilité, mais n'a pas de possibilité financière à pouvoir engager les travaux de viabilisation, alors que l'APC est déchargée de la gestion du lotissement suite au transfert de ses prérogatives dans ce domaine à l'Agence foncière. La DUC, elle, ne se considère concernée que par des lotissements où les constructions sont déjà engagées, signalent les concernés dans leurs requêtes. Dans un tel dilemme, ces pères de familles attendent instamment quelque instruction du premier magistrat de la wilaya en vue de leur permettre de bâtir une maison pour leur famille «et, au moins, mourir en paix», fera remarquer Aâmi Moh, rappelant qu'il y a eu déjà des attributaires du même lotissement qui ne sont plus de ce monde, alors que d'autres sont partis vivre à l'étranger.