Les pouvoirs publics, par le biais d'un effort louable, ont mis le paquet pour rénover une grande partie du réseau AEP par une opération qui a couté 300 MDA (millions). En dépit de la mise en place de nouveaux réseaux, les ruptures prolongées de la distribution du précieux liquide sont devenues monnaie courante. Pour les citoyens, le salut passe toujours par ces engins agricoles improvisés en distributeurs d'eau dans des citernes de 3 000 l. Aux abonnés absents, les services de l'ADE «sensés comprendre le désarroi de la population», selon certains, ont trouvé une autre vocation : poursuivre les clients en justice pour les amener à s'acquitter, par huissiers interposés, des créances. Des citoyens refusant d'honorer leurs factures, en représailles, avouent-ils, à leur aléatoire alimentation en eau. Dans un quartier périphérique de la ville, un chef de famille a reçu une facture de 20 000 DA pour un abonnement de 13 ans au cours desquels, clame-t-il, aucune goutte d'eau n'a jamais coulé dans son robinet. Le pauvre abonné n'a plus qu'à se soumettre aux caprices de cet organisme totalement débordé par la pagaille qui règne dans ses réseaux. Au centre de l'ADE d'El Milia, les disputes sont devenues les principales occupations des employés qui font face à des abonnés de plus en plus furieux à cause des longues coupures d'eau. Aux cris de détresse des citoyens venant implorer les agents de leur ouvrir les vannes, la réplique toute prête: «Les pompes sont en panne», est l'éternel refrain qu'on ne se lasse pas de répéter. À la question «Y a-t-il un organisme digne de ce nom chargé de la distribution d'eau dans cette ville ?» soulevée, légitimement au demeurant, avec insistance par les citoyens, la réponse vient de la dure réalité qui fait que pour s'abreuver il faut attendre… le tracteur ! Le comble dans cette situation est que l'abonné est constamment harcelé pour ses factures impayées; il est sommé de mettre la main à la poche et se taire au risque de se retrouver devant le juge ! Les essais lancés depuis quelques jours pour la mise en service d'un château d'eau seront-ils concluants pour atténuer les effets de cette crise ?