Pendant le Ramadhan, comme au jour de l'Aïd ou durant le reste des mois de l'année, l'alimentation en au potable est la préoccupation majeure de la population à El Milia. Coincée entre deux barrages, cette ville a soif et sa population est en détresse. En voici un exemple. Après avoir épuisé toutes les voies de recours pour crier leur ras le bal de l'insupportable misère qu'ils endurent pour s'abreuver, des habitants de la cité 100 logements de l'ancienne gare n'ont pas trouvé d'autres solutions que de suspendre une banderole devant les blocs à travers laquelle ils ont exprimé tout leur désarroi. A travers ce qu'ils ont transcrit, ils marquent leur indignation d'une situation qui dure depuis…l'inauguration de cette cité en 2000. Marquant davantage leur étonnement sur le fait que l'eau n'atteigne jamais les étages supérieurs, ils rappellent que cette cité est située, comble du ridicule, au niveau le plus bas dans toute la ville d'El Milia. Si les protestataires sont sortis de leurs retenue pour aller crier dans la rue, et à travers une banderole, cette intolérable situation, ils mettent le doigt sur le sujet très préoccupant de l'AEP dans cette ville éternellement suspendue au passage des colporteurs d'eau pour s'abreuver. Le cri de détresse des habitants de la cité la gare est parfaitement le même dans l'ensemble des autres quartiers de la ville. Et pour cause, les plus chanceux des citoyens ont l'eau une heure par semaine. Voire moins quand il y a des perturbations dans la distribution. Le même son de cloche est connu à Lemridja, Menkouche, Draâ Ouled Salah et ailleurs, où on gémit à longueur d'année de cette intense frustration de ne pas avoir de l'eau dans son robinet. Des responsabilités rejetées L'histoire est connue de tous, même si le problème déborde au-delà des capacités de l'ADE à le résoudre. Pour le commun des citoyens, le siège local de cet organisme n'est que l'ombre d'un bureau pour revendiquer le paiement de factures à des abonnés qui ne reçoivent jamais l'eau. «On ne prend même pas la peine d'aller vérifier sur place les vannes qu'on ouvre, le préposé à cette tâche est toujours libre de réguler à sa manière la distribution d'eau, il y a un réel problème et ce n'est pas logique de recevoir de l'eau une demi heure par semaine, après la réalisation de tout le réseau dans notre cité, à Ouled Salah», s'élève-t-on dans l'une des cités les plus touchées par cette misère. En amont, le problème se pose en termes de réseaux complètement vétustes, d'un manque total et flagrant des moyens de stockage, en plus de ces fuites qui inondent à longueur d'année la ville à chaque ouverture des vannes. Dans cette terrible situation, une vieille querelle oppose l'ADE aux services locaux de l'hydraulique. Les accusations sont mutuelles pour renvoyer la responsabilité de cette faillite dans les gestions des réseaux d'AEP sur l'autre partie. Et dire que pendant que la population crève dans sa misère, on continue à raconter l'histoire de l'imminence du lancement des travaux d'AEP de la ville à partir du barrage de Boussiaba. Sur le terrain, ce projet n'est encore qu'une chimère, une dizaine d'année après qu'on ait évoqué cette solution ! Pour l'histoire, l'eau du barrage de Boussiaba a atteint l'autre bout de l'Est algérien via le projet de transfert avec l'autre ouvrage hydrique de Beni Haroun, pendant qu'il est encore loin d'arriver à El Milia.