Depuis quelques jours, les cours du pétrole remontent, franchissant la barre des 70 dollars. Le prix de l'or noir grimpe depuis quelques jours sur les différentes Bourses. Hier en début de journée, le Brent valait 72,89, soit 88 cents de plus que la veille, atteignant ainsi sa plus haute valeur depuis le 30 juin. En hausse également, le brut léger texan (WTI) qui a grimpé de 1,81 dollar à 71,26 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Un prix qui n'avait pas atteint ce niveau depuis le 1er juillet. Les résultats des bons chiffres de l'économie chinoise semblent stimuler les cours du baril en franchissant le palier des 70 dollars jugé suffisant pour les économies des pays membres de l'Organisation mondiale des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Durant le mois de juillet, la production manufacturière chinoise a enregistré sa plus forte croissance depuis un an, d'après l'indice des directeurs d'achats (PMI) publié hier par CLSA (Crédit Lyonnais Securities Asia). Dans ce rapport, le PMI a aussi noté le redressement de la zone euro dans le secteur des manufactures. Ces bons chiffres présagent une augmentation de la croissance qui va de pair avec une hausse de la demande en pétrole. Ils viennent à la suite des chiffres du secrétaire d'Etat du Commerce américain annonçant une baisse du PIB de 1 % au lieu de 1,5. Selon les analystes, cette diminution du PIB américain moins grave que prévu donne l'espoir d'une reprise de l'économie américaine, le premier consommateur d'or noir au monde. La spéculation pourrait également compléter le tableau dans la remontée des cours du pétrole. Hier, dans une interview dans le quotidien britannique The Independant, Fatih Birol, l'économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), présage une ère de l'après-pétrole avant l'heure : “Une estimation effectuée sur plus de 800 des principaux champs pétrolifères au monde a montré que la plupart d'entre eux ont déjà atteint leur pic de production et que leurs réserves fondent deux fois plus rapidement que ce qui avait été calculé il y a deux ans”, explique-t-il. Dans son dernier rapport du mois de juin, l'AIE estimait que la demande en pétrole augmentera de 0,6% par an entre 2008 et 2014. Par conséquent, la menace du fameux choc pétrolier ne devrait pas arriver avant 2013 ou 2014. Il devient inenvisageable si la croissance économique mondiale à partir de 2012 est inférieure à 3%. Fatih Birol au cours de son interview demeure sceptique et craint une crise énergétique qui menacerait la reprise économique : “Si cette crise énergétique intervenait dans les cinq prochaines années, elle pourrait compromettre la sortie de la crise économique. Un prix du pétrole élevé, porté par une augmentation rapide de la demande et une stagnation, voire un recul de la production, risque de faire dérailler la reprise”, estime l'expert. Des éventualités, des possibilités, bref un climat qui va ravir les spéculateurs pouvant ainsi jouer et faire leurs pronostics sur la reprise de l'économie et la demande du pétrole. La remontée du cours du pétrole reste toujours précaire et un retour vers son record de 174 dollars n'est sûrement pas pour demain. Emilie Marche