L'élection présidentielle de janvier 2011 sera peut-être la bonne pour l'opposant historique Mahamadou Issoufou. A la tête du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Taraya), depuis près de 20 ans, ce vieux routier de la politique, actuellement âgé de 58 ans, est présenté comme le grand favori du ce scrutin. La candidature du PNDS a l'avantage, en effet, d'être soutenue par une dizaine de partis et de disposer de solides relais à l'étranger particulièrement au sein de l'Internationale socialiste, cela en plus d'avoir d'importants moyens financiers. M. Issoufou, qui en est à sa quatrième participation à une élection présidentielle, part avantagé du fait aussi qu'il appartienne à l'ethnie Haoussa qui est majoritaire au Niger et connaisse parfaitement les rouages de la l'administration nigérienne dans laquelle il a travaillé plusieurs années durant. Ingénieur des mines de formation, Mahamadou Issoufou fut tour à tour directeur national des mines au ministère nigérien des Mines et de l'Energie, puis directeur d'exploitation de la mine d'Arlit, ensuite SG de la Société des mines de l'air (Somair), jusqu'en 1991, avant de démissionner et d'entamer une carrière politique. Même si M. Issoufou part dans la peau d'un favori à cette élection présentée par la presse comme «déterminante» pour l'avenir du Niger, celle-ci ne sera toutefois pas pour lui une partie de plaisir puisqu'il aura à affronter d'autres ténors de la politique nigérienne. C'est le cas, par exemple, de Hama Amadou, ex-Premier ministre du président nigérien Mamadou Tandja, qui vient d'être désigné candidat pour la présidentielle de 2011 par le Mouvement démocratique nigérien (Moden). Bien que M. Amadou garde toutes ses chances, il n'en demeure pas moins que le plus grand rival de M. Issoufou reste l'ancien président de la République et ex-président du Parlement, Mahamane Ousmane, lui aussi issu de l'ethnie Haoussa et qui devrait se lancer dans la course au palais présidentiel de Niamey cette semaine sous les couleurs de la Convention démocratique et sociale (CDS). D'ailleurs, tous les observateurs pensent que cette élection présidentielle se jouera entre les deux hommes. Dans tous les cas de figure, le PNDS et la CDS se sont entendus pour unir leurs forces au second tour de l'élection pour faire barrage à Seïni Oumarou, le candidat du MNSD, le parti de l'ex-président Tandja. Quoi qu'il en soit, le directeur de campagne de Mahamadou Issoufou, Massoudou Hassoumi, est plus que jamais convaincu des chances de son «boss» tout comme il s'est montré persuadé que le scrutin présidentiel sera «clean». «Nous ne sommes pas préoccupés. Nous sommes certains que l'élection présidentielle de janvier prochain sera libre et transparente. Ici au Niger, nous avons les moyens de savoir à l'avance si une élection est jouée d'avance ou pas», lance M. Hassoumi qui a eu à occuper, par le passé, le poste de ministre de la Communication. Il estime, par ailleurs, qu'il n'y a pas de crainte à se faire concernant le processus de transition dans la mesure où les responsables de la junte, outre d'avoir les choses bien en main, ont réglé les «contradictions» observées durant un temps au sommet du pouvoir. Pour notre interlocuteur, la transition sera menée à son terme et dans les délais prévus. M. Hassoumi, qui veille sur l'image de marque d'Issoufou comme on le ferait pour une casserole de lait sur le feu, n'est pas par ailleurs préoccupé par le désintérêt affiché par la population à l'égard de la chose politique. Pour lui, la plupart des Nigériens ont déjà prouvé à de nombreuses reprises leur attachement à la liberté et à la démocratie. A ceux qui disent que les partis politiques ne pensent qu'à se remplir les poches lorsqu'ils sont au pouvoir, Massoudou Hassoumi balaie d'un revers de main ces accusations qui, insiste-t-il, sont des bêtises distillées par les nostalgiques du parti unique. Il regrettera cependant que l'arrivée au pouvoir de personnalités de l'opposition ait toujours coïncidé avec des conjonctures économiques difficiles. Ce qui, selon lui, n'a pas toujours aidé à mettre en valeur leur travail. Et dans le cas de Mahamadou Issoufou, M. Hassoumi a tenu à dire que le candidat du PNDS est «honnête et n'a aucun fil à la patte».