Les dures conditions d'habitat des résidants du quartier Colonel El-Mokrani n'ont pas changé depuis plusieurs décennies. Bien au contraire, ces logements en préfabriqué, dans lesquels ils ont étés recasés juste après l'indépendance du pays, n'ont pas cessé de se rétrécir face à l'accroissement relativement important de la composante familiale. Une centaine de ménages s'entasse dans ces logements situés à cheval entre le centre urbain et la zone industrielle. La surface habitable de chacun d'eux atteint à peine les 40 mètres carrés. En outre, ces habitations de fortune ont largement dépassé leur durée de vie et présentent en conséquence un état de précarité et d'insalubrité avancées. Evidement, cette situation n'a pas manqué de se répercuter indéniablement sur la santé et le bien-être des occupants. « Ma famille s'est bien agrandie depuis le mariage de mes deux fils et nous peinons durement à vivre dans un espace aussi étroit. En plus, certains de mes petits-enfants sont des malades chroniques à cause de la non-conformité de l'état notre maison avec les normes élémentaires d'hygiène. Nous sommes soumis aux aléas du temps », nous a déclaré un chef de famille. D'autres citoyens rencontrés sur les lieux ont attesté que leurs doléances auprès de l'APC sont restées vaines. « Nos demandes de logements, déposées depuis plus d'une décennie, n'ont pas eu de suite de la part des différents exécutifs communaux sortants. Aucun des élus n'est venu s'enquérir de notre situation durant leurs mandats respectifs », ont-ils soutenu. Certains, ne pouvant plus prendre leur mal en patience, ont carrément squatté les espaces attenant à leur maison en procédant à une extension anarchique de leur espace vital au détriment d'un cadre de vie déjà durement déficient. Ces actions sont naturellement des signes avant-coureurs d'une bidonvilisation avérée de cette cité qui risque d'engendrer à moyen terme le risque d'une fatalité urbanistique et sociale insurmontables. Ceci, bien entendu, à défaut de ne pas prendre réellement en charge leurs préoccupations dans les meilleurs delais. « Nous interpellons l'autorité locale pour de nous reloger dans des habitations décentes, ou de régler notre situation sur place en nous affectant des lots de terrains adéquats dans le cadre de l'autoconstruction », ont-ils lancé. En outre, ces citoyens font face à un autre problème, non moin épineux, relatif au volet de l'alimentation en eau potable. La qualité de cette eau puisée dans la nappe phréatique située dans le périmètre d'irrigation de la zone industrielle présente, d'après eux, un certain degré de pollution de par son arrière-goût et les effets néfastes qu'elle cause au système digestif. « Nous avons constamment des maux de tête et des troubles digestifs » ont soutenu nos interlocuteurs. En effet, il n'est nullement étonnant que cette eau soit contaminée par l'insalubrité qui règne en maître au milieu de la zone industrielle. Les déchets chimiques très toxiques, déversés d'une manière informelle dans les cours d'eau, risquent tout bonnement de s'infiltrer dans la nappe phréatique. En tout cas, il s'avère primordial d'initier dans les meilleurs délais l'analyse bactériologique de l'eau potable qui alimente cette cité. Ceci, en attendant que le problème de l'insalubrité tous azimuts, qui subsiste au niveau de la zone industrielle, soit radicalement et définitivement réglé.