Si les transporteurs boudent à juste titre le village agricole de Ben Haddou, c'est justement en raison de l'état de dégradation avancée de la voie d'accès qui y mène. » Une rengaine qui revient tout le temps dans les bouches des propriétaires de véhicules de transport public quand ils sont sommés de respecter cet itinéraire. S'étirant sur une distance de près de trois kilomètres, le chemin reliant le village de Ben Haddou, (environ 2500 habitants), au chef-lieu de la daïra d'Ouzera, est dans un état de dégradation avancée. En aval de Ben Haddou, le chemin se profilant en pente raide est fortement raviné par les eaux de pluie depuis des années, sans que cela, n'inquiète outre mesure les responsables. Ce tronçon, qui présente une forte déclivité, faut-il encore le signaler, est, paradoxalement aux normes techniques régissant la réalisation d'ouvrages relevant du secteur du BTP, réalisé en ligne droite, ce qui, selon les experts de la voirie, accentue le pourcentage de la pente. Beaucoup d'entrepreneurs, du temps où le contrôle de la conformité des travaux à un cahier des charges prédéfini excellait par son absence, y faisaient dans la précipitation en décrochant le maximum de projets et cela, aux dépens des normes de réalisation : non-respect de la profondeur, du profil de réalisation, de la dose, du calibrage du rond à béton… Même constat pour le chemin en amont traversant la localité de Boussena, qui culmine à plus de 1000 m d'altitude. La dénivellation est de près de 200 m entre les deux villages. Les deux chemins traversent des terres relevant du domaine de l'Etat, c'est pourquoi aucune restriction sur le profil à adopter, si ce n'est peut-être l'unique préoccupation de racourcir de la distance et, par ricochet, une diminution des frais sur les travaux de génie-civil. L'éclairage public n'est pas en reste, puisqu'il est quasi absent tout au long de ces deux chemins, qui pourtant desservent une importante population clairsemée dans de petits îlots à l'est de la localité d'Ouzera. Les habitants de ces deux localités appréhendent les déplacements nocturnes, notamment en cas d'urgence. Au niveau du lieudit Zoubiat El Hallouf (la décharge du sanglier), l'on peut constater de visu une dépression qui a pris une forme ondulatoire sur une distance de plus de 70 m en palier. Là, les mouvements incessants des terrains en amont, dégarnis du couvert végétal, ont provoqué la torsion des rails au niveau du chemin de fer d'Ouzera qui est à l'arrêt depuis plus de 30 ans. L'activité de ravinement y fait également des ravages aux abords de ce chemin vicinal qui existe pourtant depuis l'époque coloniale. En effet, l'on peut constater sans le moindre soupçon, l'éboulis des gabionnages au niveau de plusieurs endroits : El Firane, El Djouahria… Dans d'autres endroits, les gabionnages ont été complètement comblés de terre ou au contraire les processus d'érosion ont carrément arraché les supports de soutènement des digues en pierre. Avec le prolongement de la saison sèche et la calcination du couvert végétal, il est tout à craindre des processus d'ablation des terres suite aux premières pluies de la saison d'automne, qui sont généralement caractérisées par leur torrentialité dans cette région montagneuse de la méditerranée. La coupure définitive du chemin reliant Ouzera à la localité de Ben Haddou, au niveau du lieudit L'Estrade, est presque une évidence, à défaut de mesures adéquates, au moment opportun, pour éviter le pire.