« L'étendue de ses plages, son sable fin et la route qui vous y mène sont pour moi autant d'atouts qui font que je préfère de loin Cap Djinet aux autres plages de ma wilaya. » C'est là l'aveu d'un citoyen de Tizi Ouzou rencontré au niveau de la plage Bateau cassé de Cap Djinet, dans la wilaya de Boumerdès. En fait, ils sont nombreux les Tizi Ouzéens, comme ce citoyen, qui opte pour cette cité côtière plutôt que celles balnéaires de la wilaya de Tizi Ouzou, à savoir Tigzirt et Azzefoun. Il faut dire aussi qu'entre Cap Djinet et les Tizi Ouzéens il y a une longue histoire d'amour. En effet et pour rappel, avant le dernier découpage administratif qui avait érigé l'ex-Rocher Noir en wilaya, Cap-Djinet a été rattaché à la wilaya de Tizi Ouzou dont dépendait aussi Bordj Ménaïel la commune-mère. Si bien que l'été à Cap Djinet ou Djenat aujourd'hui, on y rencontrait beaucoup de Tizi Ouzéens. Nombreux sont ceux qui avaient acquis des appartements et des bungalows qu'ils étaient contraints d'abandonner avec l'avènement de la décennie noire. Une période au cours de laquelle Cap Djinet était craint de tous. Au point où les habitants locaux s'étaient retrouvés isolés du monde et vivaient pratiquement en autarcie. La sécurité et la quiétude, qui avaient repris en main les lieux, ont fait que peu à peu des gens s'aventuraient à nouveau vers ces grandes étendues de sable à perte de vue. Le bouche à oreille ayant fait son boulot, Cap Djinet renaissait de ses cendres. Les commerces se sont multipliés, les terrasses de café ont retrouvé leur animation. Mieux, les pouvoirs publics se sont investis au profit des petits métiers de pêche qui, avec l'agriculture, constituent la seule richesse de la région. Un port de pêche et de plaisance a vu le jour, protégeant un peu plus la baie des grands vents d'Est ou du Nord. Et puis il y a ces nombreux parkings bondés de voitures immatriculées « 15 » de la wilaya de Tizi Ouzou dont le nombre dépasse de loin celui des immatriculées localement, à savoir le « 35 ». Dénotant de ce fait cette préférence des Tizi Ouzéens pour cette région. Notons au passage que ce ne sont pas uniquement les Tizi Ouzéens que l'on retrouve. C'est pratiquement tout le flanc sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, à savoir Aït Yahia Moussa, Drâa-El-Mizan, Tizi Ghenif et Ouadhias auxquels il faudrait ajouter le couloir ouest de la RN12 (Draâ-Ben-Khedda et Tadmaït) dont les estivants affectionnent ces plages de Cap Djinet. Ainsi de la plage de la carrière à celle de Souhanine, en passant par la baie, la grande plage et « Bateau cassé », ce sont des parasols et des tentes qui s'enchevêtrent malgré l'immensité des lieux. Attestant de ce fait l'engouement que suscite cette région pour les gens de la capitale du Djurdjura. « En fait, à Cap Djinet il y en a pour tous les âges. Pour les enfants surtout qui peuvent s'adonner aux plaisirs de la mer sans danger avec cette eau peu profonde du côté de la baie alors que pour les adultes ayant des connaissances de la natation, ils ont le libre choix » soulignera un autre père de famille pour qui Cap Djinet est devenu son lieu de prédilection en été. Le choix de Cap Djinet pour ce père de famille est dicté aussi par la quiétude qu'il y trouve, ni sa famille ni les autres ne sont importunées par les jeunes. Et ce, contrairement à Tigzirt où des jeunes en mal d'éducation éprouvent un malin plaisir à embêter les filles et femmes mêmes accompagnées de leurs parents ou maris, donnant parfois lieu à des rixes. « A Cap Djinet, les filles et les femmes nagent librement, même en deux-pièces, sans qu'elles ne soient dérangées dans leur plaisir du contact de l'eau de la Méditerranée. Alors qu'à Tigzirt ou Azzefoun, il suffit qu'une jeune fille rentre dans l'eau pour qu'elle soit tout de suite encerclée par des « piranhas », dira une jeune bachelière venue avec son père et ses autres frères et sœurs pour s'adonner à la bronzette. Le choix de ce père est aussi motivé par la distance courte et surtout la qualité de la route qui sépare Tizi Ouzou de cette ville côtière. « Je mets à peine une demi-heure pour la cinquantaine de kilomètres à parcourir contre une heure et même une heure et demi que je mets pour rallier Tigzirt. Mieux, la route est moins sinueuse que celle qui mène à Tigzirt ou Azeffoun. C'est vous dire que ni moi ni mon véhicule ne souffrons de cette balade car en fait s'en est une ». Aussi, nombreux sont ceux qui profitent pour faire leurs courses au retour. En effet, les propriétaires des petits carrés familiaux proposent tomates, oignons, salade, poivrons et piments tout au long de la route à des prix abordables, loin de la frénésie des marchés de la ville de Tizi Ouzou. Et puis il y a l'inévitable « Nourou », le laitier de Baghlia qui est devenu une escale obligée pour ces estivants d'un jour pour leur besoins en produits laitiers naturels. Pour clore, nous ne manquerons pas de dire qu'il est certain que s'il existait une liaison routière directe de transport en commun entre Tizi Ouzou et Cap-Djinet, comme c'est le cas pour Tigzirt, Cap Djinet aurait attiré plus de monde encore. D'ailleurs, nombreuses sont les familles non véhiculées qui n'ont pas manqué d'interpeller les pouvoirs publics en ce sens.