La taxe de 5% décidée récemment pour être prélevée sur l'offre prépayée de téléphonie mobile tel qu'annoncé par la loi de finances complémentaire 2009 (art 32) a été répercutée directement sur les abonnés qui ont d'ailleurs payé depuis le début du mois d'août plus cher les rechargements par carte et les rechargements électroniques. Cette augmentation automatique de la part de certains opérateurs a eu pour effet de susciter le mécontentement de la majorité des abonnés. Alors que l'opération identification des puces a, par exemple, bénéficié d'une large campagne de publicité et d'explication, cette loi promulguée en plein mois d'août n'a fourni aucune mesure d'accompagnement. La direction générale des impôts (DGI) a réagi à travers un communiqué pour mettre les choses au clair, soulignant sans la moindre ambiguïté qu'en « aucun cas, le montant de la taxe ne doit être répercuté en sus des prix affichés par les opérateurs de téléphonie sur le prix de la carte ou sur le coût du rechargement ». En conséquence « tout montant prélevé par des personnes autres que les opérateurs de téléphonie concernés, expose leurs auteurs à l'obligation de reversement du montant du prélèvement majoré de pénalités ». Malgré cette mise en garde, la situation ne semble pas avoir changé sur le terrain. La quasi-majorité des kiosques impose la taxe. Pour mieux comprendre leur motivation, on a posé la question à l'un d'eux à la place du 1er Mai (Alger). Pour lui, il faudrait chercher les raisons auprès des opérateurs eux-mêmes. « Lorsque je commande 10 000 DA de communication (rechargement électronique), on nous exige de payer 10 300 DA. Qui va me donner la différence ? » Lorsqu'on lui affirme que la direction générale des impôts a publié un communiqué dans la presse où elle a clairement rappelé que cette hausse est hors-la-loi, il se met en colère : « La presse peut dire ce qu'elle veut. Je suis confronté à une réalité économique et je ne peux pas me permettre de perdre de l'argent ! » Sur un bout de papier collé au mur, le montant des taxes est affiché en fonction des sommes transférées. Plus vous rechargez, plus vous déboursez de l'argent. Pour lui, aucun doute : il est dans son bon droit. Un autre point de vente prend toujours la précaution de demander aux clients s'ils sont au courant de cette taxe. Une manière de les préparer psychologiquement à « encaisser le choc ». Si l'opérateur public Mobilis a décidé de saisir l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) pour des explications, Djezzy et Nedjma l'ont tout simplement répercuté sur les clients. Il faut rappeler que ce qui a fait réellement décoller les ventes des téléphones portables depuis l'ouverture du secteur des télécommunications à la concurrence, c'est le lancement de la carte prépayée pour la première fois en Algérie par Djezzy GSM en août 2002. Depuis, ce marché est devenu un véritable enjeu pour les trois opérateurs. D'ailleurs, leur parc est constitué de plus de pré-payé que de post-payé. Les promotions ciblent cette catégorie. Si l'Etat n'intervient pas plus énergiquement dans cette affaire, les profits engrangés se feront aux dépens du pouvoir d'achat des consommateurs algériens et priveront les plus pauvres d'une commodité devenue indispensable. On est loin de l'objectif initial : « Une autre mesure palliative des effets néfastes de la fraude fiscale. »