C'est désormais une tendance assez généralisée. à Béjaïa, beaucoup de projets, en plus des écueils liés au foncier, butent sur des oppositions musclées de la population. Que ce soit les centres d'enfouissement technique, l'élargissement des routes, les réseaux divers (AEP, gaz…) ou encore l'implantation de carrières d'agrégats, le refus est souvent catégorique. Encore une fois, les citoyens de Djermouna, dans la commune de Kherrata, se sont élevés récemment pour dénoncer haut et fort l'existence de deux carrières mises en exploitation dans la municipalité. Ces derniers, qui se sont organisés sous l'égide du collectif de 13 associations locales, ont adressé une requête aux autorités locales ainsi qu'aux ministères des Mines et de l'Environnement. Les contestataires ont mis en avant, dans leur correspondance, les effets néfastes que produit l'activité aussi bien sur l'environnement que sur la santé des habitants. Il en est ainsi des risques indéniables que cette activité entraîne sur la nappe phréatique dans une région où l'alimentation en eau potable repose sur le captage de sources. A Melbou également, un promoteur ayant exploité une carrière sur un site contesté, s'est attiré les foudres des riverains qui l'ont violement repoussé et contraint à plier bagages. Le promoteur en question, qui a de nouveau tenté de réimplanter sa carrière sur un site à Zoubaï, dans la commune de Boukhelifa, a été « chassé » par les riverains qui se réclament propriétaires légaux du terrain prévu pour la carrière. Le projet à Zoubai est constamment rejeté d'autant plus que la coordination des associations de Boukhelifa s'y oppose farouchement. Cela étant, le promoteur est titulaire d'un titre d'exploration du site par les autorités compétentes suite à une étude d'impact et de faisabilité. Même phénomène à Alliouene, dans la commune d'Aokas, où les citoyens persistent et signent dans leur opposition à une carrière exploitée depuis 20 ans. Alors que la colère des riverains enfle, le promoteur, lui, insiste sur le maintien de son projet. La situation a empiré davantage jusqu'au jour où les habitants d'Alliouene ont mis le feu à l'exploitation, y compris aux équipements servant à l'extraction. La problématique des carrières dans la région a fait surgir un autre débat autour des matériaux de construction dans une wilaya qui s'en plaint. Reste à savoir si nos responsables agissent de manière à trouver un compromis mettant en commun les intérêts des uns et des autres. Car, à entendre les riverains, la contestation est née de l'octroi souvent « irréfléchi » des sites d'exploitation d'agrégat à proximité des habitations. « On ne serait pas contre un projet porteurs de richesses. Mais il se trouve que beaucoup de projets accordés à Béjaïa sont de nature à polluer l'environnement et à mettre en danger la santé publique », pense un technicien de l'environnement. Ce dernier, pour qui la question des décharges et carrières à Béjaïa doit être mise sur la table des spécialistes en la matière, déplore l'existence de projets pollueurs à proximité des centres urbains.