L'été est la période propice à l'émergence d'une kyrielle de petits métiers qui permettent à des familles entières de survivre. En ces temps de disette, des centaines d'enfants en bas âge pratiquent de petits jobs saisonniers. A la faveur de la période estivale, une cohorte de bambins issus de couches sociales faibles remisent au placard cartables et manuels scolaires (pour ceux qui sont scolarisés) pour se transformer en vendeurs ambulants de fruits et légumes, de journaux, de pizzas, de maïs grillé sur la braise et tutti quanti. Le dernier produit cité est devenu une véritable filière de débrouille faisant la joie de centaines de bambins qui, sans coup férir, réalisent des gains substantiels. Les barbecues improvisés de Oussama et Mehdi, bien dressés en épingle sur le trottoir, ne sont distants l'un de l'autre que d'une trentaine de mètres. Pourtant ces deux adolescents, de 12 et 14 ans respectivement, rient sous cape et avouent engranger des bénéfices assez sécurisants qui font la fierté de leurs parents. On peur trouver 5 à 8 bicoques tout au long d'une même artère proposant cette céréale très appréciée pour ses graines riches en amidon. Aux moments où le flux des promeneurs atteint des pics paroxystiques, de nombreux clients commencent à s'agglutiner autour des étals et l'on met parfois près d'une demi-heure pour voire sa commande satisfaite. Autant dire que le créneau du succulent maïs grillé sur la braise qui vous titille les narines et vous met l'eau à la bouche est largement porteur. L'un des deux comparses est allé jusqu'à comparer orgueilleusement cette débrouille à un jeu « d'enfants ». Et pour cause, dira-t-il, « l'on achète au marché de gros de fruits et légumes de la ville (Chelghoum Laïd), comme auprès des cultivateurs des sacs de maïs à raison de 30 DA/kilo qu'on revend au détail à concurrence de 20, voire 25 DA l'unité cuite sur la braise ». Simple, facile et efficace. La filière du maïs grillé est remise au goût du jour. Une multitude de mômes écumant trottoirs et chaussées, dans la cité tout comme dans la périphérie, font la joie et le plaisir des routiers, des familles et des promeneurs qui en consomment à satiété. Nombreux sont également les gosses qui se convertissent durant les mois d'été en marchands ambulants de fruits et légumes, un domaine qui ne relève plus du seul apanage des adultes. Perçu pour être un véritable filon d'or, le marché de gros de Chelghoum Laïd offre des opportunités indéniables de débrouilles et de gagne-pain pour peu que l'on soit dégourdi. Des centaines de jeunes et de sans-emploi venant des localités limitrophes y affluent chaque jour pour s'y approvisionner et rallier par la suite leurs agglomérations respectives afin d'écouler leur marchandise.