Les métiers d'été sont remis au goût du jour à l'orée de chaque fin d'année scolaire ? Des centaines de « mômes » s'adonnent à une foultitude de petites, mais non moins lucratives débrouilles. L'exclusion scolaire et les licenciements collectifs amplifient chaque année le volume du chômage. Les perspectives d'emploi et de réinsertion faisant défaut, une frange impressionnante de gamins, qui pour se prendre en charge, qui pour subvenir aux besoins de parents malades, se rabat sur le marché de gros des fruits et légumes de Chelghoum Laïd dans une quête effrénée de survie. Quelques cageots de fruits et légumes, on squatte le trottoir du coin et le tour est joué. Simple et efficace. Des centaines de mômes, hauts comme trois pommes, ne s'encombrent plus d'a priori et empruntent chaque jour, aux aurores, les raccourcis menant à cet espace de négoce pour effectuer leurs premiers apprentissages dans ce microcosme cosmopolite de la débrouille et de la subsistance. Jusque-là chasse gardée des adultes, le marché de gros est à présent sous l'emprise de nuées d'enfants en bas âge, mais entreprenants à merveille et étonnamment dégourdis. De la vente d'une panoplie de sachets, aux sandwichs, pizzas maison, thé, café, tabac et cigarettes, en passant par la revente de journaux à la criée, le transport de cargaisons à l'aide d'engins motorisés et les travaux de manutention (pour les plus costauds d'entre eux), les bambins néophytes s'en tirent plutôt bien. Accrocheurs qu'ils sont, ils se démènent comme de petits diables, vous accostent, vous assaillent et vous collent aux basques jusqu'à ce qu'ils vous écoulent un des produits proposés. Dans les rues commerçantes de la ville, les petits revendeurs de fruits et légumes imposent leur diktat. Il va sans dire que leur influence est telle qu'ils sont partout dans la cité faisant quasiment main basse sur les trottoirs, les chaussées, les places publiques et les carrefours ayant pignon sur rue. Les traditionnels vendeurs de cigarettes, d'amuse-gueules et de bibelots ne sont pratiquement rien comparés aux essaims d'adolescents qui font dans la débrouillardise, le temps des vacances d'été. Pour preuve, chaque jour, l'on peut constater une infinie cohorte de deux-roues, de dumpers (engins de terrassement), de poussoirs et d'étals de fortune, bien achalandés en fruits et légumes fraîchement débarqués du marché de gros, entreposés un peu partout et écoulés sans coup férir. Les prix pratiqués par ces derniers (les ambulants) sont largement abordables et engloutissent une proportion prépondérante de la clientèle. Une concurrence déloyale que les gérants de magasins de fruits et légumes voient d'un mauvais œil, considérant le fait comme un marché parallèle ne profitant qu'aux jeunes ambulants et petits marchands qui ne payent ni taxes ni impôts. Devenir marchand ambulant à un âge précoce c'est une perspective qui fait courir du beau monde, de surcroît durant la période estivale, et une opportunité sur laquelle on ne peut pas cracher. Selon des informations concordantes, ils sont des milliers de gosses et de jeunes issus de divers horizons : Mila, Ferdjioua, Aïn Melouk, Ouled Khelouf, M'chira et Bouhatem, à rallier chaque jour cet imposant pôle de négoce pour s'adonner à quelques débrouilles et repartir en fin de journée avec un pactole relativement consistant, pragmatisme oblige. Véritable haut lieu de négoce, le marché de gros de Chelghoum Laïd est assimilé par nombre d'observateurs à une corne d'abondance, pour ne pas dire un don du ciel, tant il assure la pitance à des centaines de familles nécessiteuses.