Le ministre délégué auprès du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, chargé de la Ville, Abderrachid Boukerzaza, a, lors de son passage hier au forum de l'Entv, tracé les axes de la politique de la ville dont le projet de loi est soumis depuis mercredi dernier au Conseil des ministres. Précisant d'emblée qu'il s'agit d'une politique et non d'un programme, le ministre délégué indique que ledit texte tend à prendre en charge tous les aspects d'une ville moderne, à savoir la vocation économique, sociale, culturelle, politique et des services. Selon Boukerzaza, toute construction de nouvelles villes doit subir au préalable des études sur une base d'une vision complémentaire. Le projet de loi, explique l'orateur, constitue un cadre référentiel pour la politique de la ville. Pour illustrer l'importance de ce texte, Boukerzaza dira que la ville en Algérie n'a, à ce jour, pas d'existence réglementaire. Le projet de loi, ajoute le conférencier, donne toute latitude aux centres de décision et aux collectivités locales d'intervenir dans le cadre de la loi. Boukerzaza déclare, par ailleurs, que le texte régissant la ville sera étoffé par le code des communes et des wilayas qui est arrivé à un stade avancé d'élaboration. La finalité, souligne le ministre délégué, est d'arriver à un développement durable de la ville. Il déclare que la création de toute nouvelle ville doit passer par un décret exécutif. « Une nouvelle ville doit receler un intérêt national et ne peut être construite que dans les Hauts-Plateaux et dans le Sud », annonce Boukerzaza qui insiste sur la vocation investissement de la ville et non de la consommation. En tout cas, l'application de la politique de la ville sera attribuée aux collectivités locales, précise-t-il, en affirmant qu'une carte sociale est établie au niveau même des quartiers. Sur la question de la délocalisation de la ville de Hassi Messoud, Boukerzaza dira que cette agglomération est désormais classée région à risques majeurs dont des explosions, des intoxications et des asphyxies. Aussi, ajoute-t-il, près de 60 000 habitants vivent à quelques mètres des puits du pétrole. La commission interministérielle présidée par Zerhouni a pris 17 décisions à ce sujet en arrêtant la délivrance de tout permis de construire et en gelant les permis déjà délivrés. Le conférencier indique que ladite commission a suspendu également toute autorisation d'investissement dans cette ville. En outre, le ministre délégué a brossé un tableau des plus sombres sur la situation des villes algériennes dont Alger qui compte 500 000 habitations en état de fissuration. En plus des vocations économique, culturelle, sociale et politique que doivent reconquérir nos villes, il est surtout question d'accompagner une population urbaine estimée à 70% de la population globale de l'Algérie à l'orée de 2010. Ce chiffre atteindra 80% en 2025. Un défi qui devient plus difficile en sachant le grand déséquilibre dans l'implantation des populations sur le territoire national. A ce propos, illustre Boukerzaza, 65% de la population algérienne occupent pas plus de 4% de la surface globale du pays.