Nos villes seront plus que jamais saturées dans les vingt prochaines années. Les pronostics du ministère délégué chargé de la Ville font état d'une forte concentration la population dans les centres urbains d'ici à 2025. « 80% de la population devraient être concentrés dans les villes en 2025 », a indiqué, hier, Abderrachid Boukerzaza, ministre délégué auprès du ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, chargé de la Ville, lors de la présentation, devant le Conseil de la nation, du projet de loi sur l'orientation de la politique de la ville, déjà adopté par la Chambre basse du Parlement. Se voulant précis, le ministre a indiqué que « 33 millions d'habitants sur les 41 millions d'Algériens prévus en 2025 seront concentrés dans les villes ». Le constat est effarant. Mais pour ne pas choquer, le ministre a rappelé que « 31% de la population algérienne vivaient dans des zones urbaines en 1966 et 58% en 1998 ». La tendance est donc quelque peu ancienne, même si l'exode rural s'est beaucoup accentué depuis les années 1990. A l'heure actuelle, l'état de nos villes laisse à désirer. Des murailles lépreuses et des bâtisses plantées sans aucun respect des standards. En plus d'une urbanisation anarchique, les agglomérations affichent des dysfonctionnements incommensurables sur tous les plans. Le ministre souligne que 65% de la population sont concentrés sur une superficie ne dépassant pas 4% du territoire. Aussi, 25% des habitants sont localisés dans les Hauts Plateaux sur une superficie de 9% du territoire. Selon lui, uniquement 10% de la population vivent sur une superficie de 87% du territoire (le Sud). C'est dire que le déséquilibre est immense. Mais si la population est mal répartie, c'est parce que les richesses le sont aussi. M. Boukerzaza a expliqué que le projet de loi, débattu par les sénateurs, vise à « prendre en charge la situation de nos villes en apportant une nouvelle approche qui permettra d'éviter de tomber dans les erreurs du passé ». Elle est de nature à assurer une bonne protection des espaces sensibles tels le littoral, les montagnes, les steppes et les régions désertiques. Comme elle définit les nouvelles formes d'organisation de la ville. « Ce texte de loi tend à établir une politique cohérente concernant la ville à même d'améliorer le cadre de vie du citoyen et de valoriser le rôle des groupements urbains dans la réalisation du développement », a indiqué le ministre, tout en estimant « nécessaire » d'associer le citoyen à la gestion de la ville, « d'autant que l'objectif principal de la création des villes est le développement humain ». Le ministre a souligné, en outre, que cette loi vise à mettre en œuvre de nouveaux instruments afin d'assurer une croissance cohérente et durable de la ville. Les grandes agglomérations comme Alger peuvent, selon les termes de cette loi, créer des centres urbains limitrophes dans le but d'alléger la pression. C'est le cas de la nouvelle ville de Sidi Abdallah, à Zéralda, dont les travaux « marchent » à pas de tortue. Le ministre a affirmé, dans le même sillage, que l'étude de la réalisation de la nouvelle ville de Boughezoul a été achevée. Le rapporteur de la commission équipements et développement local a, de son côté, noté que ce projet de loi permettra d'instaurer une politique de la ville adéquate pour le traitement des multiples problèmes, notamment la saturation et la vétusté du parc immobilier. Ce texte de loi comprend d'autres dispositions liées à la résorption du vieux bâti et de l'habitat précaire, la maîtrise du plan de transport, de déplacement et de circulation dans et autour des villes. Tout en considérant que cette loi est nécessaire pour qu'on ait de « véritables villes », certains sénateurs se sont interrogés sur l'application des différentes dispositions de ce texte de loi. Car il ne suffit pas de réglementer ou de légiférer. Ils ont effectivement mis le doigt sur le fond du problème.