Les délégués de l'interwilayas se sont séparés satisfaits, tard dans la soirée de vendredi, après avoir renouvelé leur confiance à la délégation conduite par Abrika, pour poursuivre les négociations avec le chef du gouvernement. Le compte rendu présenté par le porte-parole de la délégation a été approuvé par la plénière qui a qualifié les premiers résultats obtenus de positifs. Plusieurs commissions ont été installées et la coordination de Béjaïa a profité de l'occasion pour procéder au remplacement de Ali Gherbi qui, pour rappel, a préféré ne pas faire partie de la délégation, tout en s'opposant à la reprise du dialogue. A la lumière des premiers acquis obtenus après plusieurs jours de négociations, il est utile de dire que le chef du gouvernement n'a pas vraiment cédé sur grand-chose, à commencer par la revendication relative au statut à accorder aux victimes des événements de Kabylie. Il semble que Ahmed Ouyahia ne soit pas tellement prêt à accorder le statut de martyr de la dignité et de la citoyenneté aux victimes. Ce qui ne l'a pas empêché d'accéder positivement aux autres doléances des délégués relatives aux réparations morales et matérielles dues aux victimes. Des observateurs notent que ce qui a été accordé par Ouyahia, pour l'instant, n'a pas une grande portée politique. Le jour où les « indus élus » seront partis, tout le monde croira aux engagements d'Ouyahia. Le retrait envisagé des élus FLN et du RND pourrait créer des situations de vide dans certaines collectivités où le FFS n'a pas la majorité absolue. L'article 34 du code communal stipule qu'il est procédé à la dissolution d'une APC lorsque le nombre d'élus devient inférieur à la moitié des membres. La même procédure est préconisée pour les assemblées de wilaya. Mais une année après la signature de l'accord sur la révocation des « indus élus », le gouvernement n'a pas mis à exécution son engagement. A la délégation des archs, il a annoncé que le « la procédure est en cours », sans plus. La délégation des archs a obtenu l'engagement du chef du gouvernement de juger tous les assassins par les tribunaux civils, en promettant d'accélérer les procédures. Mais elles risquent de durer, puisqu'il faudra aux juges relancer toutes les instructions de bout en bout. Il faut savoir que la plupart des dossiers des victimes n'ont jamais été instruits correctement. Selon les avocats en charge de ces dossiers, les rares auditions effectuées concernaient les parents des victimes et quelques témoins. Des dossiers ont été déjà classés. Ouyahia a promis de les rouvrir. Les 24 gendarmes jugés par les tribunaux militaires, pour avoir failli dans leur mission, seront-ils traduits devant les juridictions civiles pour homicides volontaires ou involontaires ? A en croire ce qui se susurre chez les délégués des archs, la justice fera correctement son travail et tous ceux qui ont commis des actes criminels en Kabylie seront condamnés. Sur ce point, il serait peut-être intéressant que le pouvoir donne une suite, quoique tardive, au rapport de la commission Issad. Les assassins des jeunes de Kabylie seront-ils vraiment jugés et condamnés ? Il faut attendre que la machine se mette en marche... lorsque les décideurs le voudront. Les discussions qui reprendront à partir d'aujourd'hui entre la délégation des archs et les représentants de l'Etat seront encore plus ardues, puisqu'il sera question de finaliser les premier et deuxième chapitres du document de mise en œuvre (réparations morales et matérielles et jugement des assassins) et d'entamer les négociations sur des questions éminemment politiques. Le processus de mise en œuvre de la plate-forme d'El Kseur sera long et le dialogue entre Ouyahia et les compagnons d'Abrika ne sera pas de tout repos.