Pour contenir l'agitation du front social, les pouvoirs publics se sont complètement retirés du paysage urbain et ont laissé libre cours à l'informel qui a pris des proportions alarmantes. L'agglomération pullule de ces vendeurs illicites qui ont repris leurs activités dans les mêmes endroits d'où ils ont été délogés il y a peu de temps. Au Hamiz, à Dar El Beïda, ce sont des centaines de marchands informels de fruits et légumes qui ont réinvesti la rue, créant une indescriptible anarchie. Les clients ne manquent pas de s'arrêter d'un côté de la route comme de l'autre pour faire leurs achats, faisant ainsi preuve d'incivisme. Les pouvoirs publics, qui ont, des années durant, bataillé pour donner à cette localité un agencement ordonné, se sont illustrés, ces derniers temps, par leur totale absence. A Quahouet Chergui, dans la commune Bordj El Kiffan, l'anarchie qui découlait du commerce informel a fini, au fil du temps, par s'amoindrir considérablement, suite à une lutte sans relâche de la part des services de sécurité. La conjoncture étant favorable, tous les commerçants illicites ont fini par reprendre leurs anciennes places. Pareillement, les taxis clandestins ont repris leurs activités et les marchands de vêtements se sont réinstallés sur le monticule qui surplombe le grand carrefour de Quahouet Chergui. L'impunité des indus occupants s'est également exprimée par l'envahissement des ruelles et autres venelles des communes de Bab El Oued et de Bachedjarrah. Pour rappel, les pouvoirs publics avaient déployé, notamment à Bachedjarrah, des efforts considérables pour déloger les marchands informels, qui ont, pendant des années, bloqué tout un pan de la ville. Peu de temps après, la ville est retombée sous l'emprise des mêmes marchands qui y ont réélu domicile. A Bab El Oued, aussi paradoxal que cela puisse paraître, le nombre de commerces illicites est passé du simple au double. C'est ainsi que dans tous les endroits qui ont été par le passé sujets aux opérations d'éradication du commerce informel, ce dernier a repris, au grand dam des habitants des cités et autres quartiers qui ont vu des années de lutte s'évaporer en un laps de temps record. Soulignons que le même constat est à déplorer en matière de parkings anarchiques, où les gardiens autoproclamés ont repris de plus belle leur diktat. Pire, ces derniers ne s'en cachent même pas, ils ont même redoublé d'agressivité. Leur champ d'action s'est élargi ; ils ont également pignon sur les plages, les stades, les salles de jeu et même les mosquées. Les citoyens sont en droit de s'interroger sur la légitimité d'une telle conduite, qui s'avère préjudiciable.